Californie mystique

Michael Rauner est parti faire le tour des lieux mystiques de la Californie dans une sorte de voyage ésotérique, révélant ainsi l’âme d’un des Etats d’Amérique les plus fantasmatiques qui soit dans une démarche quasi ethnographique. Un travail surprenant, haut en couleurs et une vision éclairée sur le sujet qui a donné naissance à un livre écrit par Erik Davis: The Visionary State: A journey through California’s spiritual landscape.

Visionary State

A voir aussi sur le site du Center for Land Use Interpretation, l’incroyable base de données sur le paysage des états (The Center for Land Use Interpretation’s Land Use Database) et l’American Land Museum.

Autobiographie d'une future icône ringarde

Merluchons

Conversation entre deux amis, devisant sur mon futur et l’image de l’icône ringarde que je pourrais devenir si toutefois je devais mourir un jour sans avoir écrit un seul livre (comme quoi je me prends vraiment rarement au sérieux, sauf quand il s’agit de choses sérieuses) :

Elle: un truc qui serait bien, c’est que tu sois un écrivain MIT livre avant de mourater.
The Romuald FULL FRONTAL SHOW, ça s’appellera…
Et en prime dans le livre, y aura un DVD avec tes vidéos…

Moi: ah ouais !

Elle: Et tes meilleurs gags à 2 balles sur MSN.
Et on viendra par bus entier fleurir ta tombe…
Imagine 150 Japonais se faisant prendre en photo…
Putain, je vais me faire un de ces pognons, moi…

Moi: Je serais une sorte d’icône pour les losers, les ringards, les bikers, les ex-fans de Jim Morrisson, les gonzos et même les lecteurs de Bill Bryson…
Et puis tous les ans, on fera un grand méchoui à Plougrescant, sur la plage, on fera des feux de camps et on mangera du mouton en croûte… en récitant mes vers pourris de quand j’avais 14 ans.

Elle: Je vendrai des stickers à ton effigie et des pin’s parlants !
On appuiera dessus et ça fera BOURDELLE A QUEUE !

Moi: Et tout le monde chantera en choeur, complètement bourré et vomissant “C’EST LE PLUS GRANDS DES BRANQUIGNOLS !”

Je vous jure, il faut vraiment que je me mette au travail… On n’arrête pas de me le dire…

Sur le départ, Magnus Mills (All quiet on the Orient Express)

Je les ai lus dans le désordre, les trois livres de Magnus Mills, mais ce n’est pas grave. Il n’en reste plus. Le titre anglais de celui-ci ne se comprend qu’à la lecture du livre et c’est tant mieux; il est des livres qu’il faut lire, se laisser bercer, et la force de celui-ci réside dans le fait qu’on reste du début à la fin dans une sorte de tension portée par le fait que le narrateur doive partir.

Photo © Iraklis

L’action se situe dans une campagne qu’on présume anglaise, verte, luxuriante, froide et touffue. Notre homme a un projet : partir en Inde, mais auparavant, il décide de passer quelques jours dans un camping au bord d’un lac.
Afin de gagner quelques jours de location, il accepte de rendre un service au propriétaire.
Finalement, son séjour s’allonge, il rend d’autres services contre un hébergement plus long et l’on voit se mettre en place une sorte d’économie basée sur le tric, le service rendu.
Le narrateur se prend au jeu, et l’on sent qu’il se sent bien ici, il trouve sa place, c’est du moins ce que les autres personnages lui laissent croire.
Au fur et à mesure, on voit s’installer une spirale dans laquelle il finit par ne plus pouvoir, ou plutôt par ne plus vouloir dire non.
On lui en demande toujours plus, on le loue, on se l’approprie tel une marchandise et, personnellement, j’y vois là la thématique utilisée dans les deux autres livres: l’aliénation.
Jusqu’à la fin, on se demande s’il finira par partir un jour de ce pays duquel il est devenu citoyen. De l’humour et de la terreur, un style simple et enjoué, frisant souvent avec la noirceur à la manière de ses concitoyens anglais.

Le temps d’arriver assez loin pour installer le mouillage, M. Parker commençait à avoir l’air très malheureux. Il s’était agrippé des deux mains à l’ancre, et il examinait les flots noirs sous ses pieds. Pendant ce temps, Deakin continuait de bricoler la chaîne, l’enroulant en boucles et apportant je ne sais quelles améliorations à la bouée de mouillage.
– Très bien, dis-je. Reculez, Deakin. Nous allons jeter l’ancre.
Avec l’aide de M. Parker, je poussais l’ancre par-dessus bord. Elle coula à pic dans les profondeurs, suivie par la longue chaîne qui cliquetait, et elle disparut en un instant.
Ainsi que Deakin.

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, Haruki Murakami

Les saveurs subtiles d’un thé des songes à l’orée du jour d’après me donnent envie de parler de ce livre que j’ai lu récemment. Mon amour pour Murakami reste inébranlable et même si, du fait que Sabah m’avait vivement conseillé de lire celui-ci en particulier et que pour le coup, je me suis comme inexplicablement braqué face à la couverture du livre qu’elle venait de me prêter, je me suis plongé à corps perdu dans cette histoire de solitude et d’amour dans un Japon contemporain.

Japan nightPhoto © tiarescott

Hajime est un jeune enfant complexé. Il est fils unique et conçoit ceci comme une tare. Sa rencontre avec Shimamoto-san, jeune fille tout aussi fille unique et boiteuse de surcroit, va lui faire sentir les choses autrement. La vie, les études, les petits incidents de la vie les font se perdre de vue. Hajime poursuivra sa vie, une petite vie de gratte-papier sans envergure dans laquelle il collectionne les aventures sexuelles, laissant sur le carreau la belle Izumi, qu’il transformera en fantôme, jusqu’à ce qu’il se marie. Sa vie prend alors un nouveau tour puisque son beau-père lui prêtera de quoi ouvrir un club de jazz, puis un autre. La vie rangée prend le dessus et l’enferme, jusqu’à ce que Shimamoto-san surgisse un soir dans son antre.

Elle a beaucoup changé, elle ne boite presque plus et elle est devenue très belle. Leur nouvelle rencontre les bouleversera tous les deux et Hajime se retrouvera malgré lui pris dans une spirale amoureuse qu’il ne voudra pas briser. Pourtant, Shimamoto-san lui demande de faire un choix qui le laissera dans une incroyable solitude.

Quand j’étais fatigué de contempler mes fantasmes, je me mettais debout devant la fenêtre et regardais le paysage. De temps en temps, il me semblait que j’avais été abandonné dans un désert privé de vie. Mes hordes de visions avaient aspiré toutes les couleurs du monde autour de moi, ne laissant que le vide. Tous les objets, tous les paysages, paraissaient plats et vides comme des décors éphémères en carton-pâte, poussiéreux, couleur de sable. Je repensais à cet ancien camarade de lycée qui m’avait un jour donné des nouvelles d’Izumi. Il m’avait dit : “Il y a différentes façons de vivre, et différentes façons de mourir. Mais c’est sans importance. La seule chose qui reste en fin de compte, c’est le désert”.

Kokkyô no minami, taiyô no nishi…

Bedtime Eyes, Eimi Yamada (Amère Volupté)

minePhoto © junku-newcleus

Un roman japonais d’une femme libérée qui ose écrire dans un Japon qui se refuse parfois à s’ouvrir. Je me demande ce qui a poussé la maison d’édition (en l’occurrence Picquier) à traduire le titre original en anglais “Bedtime Eyes” en “Amère Volupté“, mais c’est proprement injuste. Dans ses livres, il est question de sexualité, de racisme, des marriages mixtes, le tout dans un langage libre n’excluant jamais la vulgarité des personnages. Autant dire qu’elle va carrément à l’encontre de ce qui se fait ordinairement au Japon. Pourtant, moi qui m’attendait tout de même à être un peu secoué par ce livre que j’ai acheté en 97 (10 ans, c’est parfois le temps qu’il faut pour faire mürir un livre), j’avoue que j’ai plus été choqué par des gens comme Louis Calaferte ou Henry Miller, même si la parution de Bedtime Eyes a créé un véritable raz-de-marée critique à sa sortie.

Spoon est grand, noir, déserteur de l’armée américaine et dans sa poche se trouve une cuiller en argent. Elle, elle chante dans un cabaret de jazz. Tous les deux, ils s’aiment, ou plutôt ils baisent. Un secret viendra troubler leur relation dans une existence crasse et sans but. Ce secret perdra Spoon, tandis qu’elle sombrera dans une douce folie qui lui fera perdre son homme. Ecrit comme dans un accès de fureur, les mots se bousculent, les phrases courtes s’entrechoquent. Un joli brin de livre qui laisse, effectivement, comme un goüt amer dans la bouche.

Du partage numérique des images

Quoi de plus agréable qu’un billet sur un blog, ou d’une page sur un site, dont l’intérêt peut-être suscité par une illustration pertinente autant qu’agréable ? C’est dans cette démarche que je me dis que pour illustrer un billet critique sur la lecture d’un livre, rien ne vaut une belle photo en rapport avec son ressenti sur la lecture et les émotions suscitées.

C’est donc tout naturellement que dernièrement, je me suis tourné vers Flickr en faisant des recherches thématiques ou transversales. Il se trouvent que certaines photos sont sous licence Creative Commons et selon les termes du contrat, utilisables librement ou non dans un cadre non commercial avec revendication de la paternité, ce qui est assez sympathique puisque les créations peuvent être dans ce contexte utilisées librement si toutefois on mentionne le nom de l’auteur. Toutefois, en recherchant une photo de taxi new-yorkais, je me suis rendu compte que la plupart des photos disponibles étaient encore “All rights reserved“, ce qui j’avoue a eu le don de m’agacer. Bien évidemment, les auteurs sont libres de leur choix, mais dans ce cas, pourquoi partager ses photos sur Internet si on ne peut pas les utiliser ? C’est aller à mon sens à la pêche aux ennuis.

Que peut-on faire avec des photos consultables librement sur Internet ?

  • Les enregistrer sur son PC.
  • Les utiliser sur un blog ou un site.
  • (Les revendre).
  • (Les revendre cher).
  • (Les envoyer dans une capsule pour communiquer avec les extra-terrestres).

Sincèrement, je ne vois pas l’intérêt de partager quelque chose d’aussi statique. Une utilisation raisonnée des créations d’autrui ne peut à mon sens qu’être la mesure commune. D’autre part, je me vois mal demander à l’auteur la permission d’utiliser une photo pour écrire un billet.

Se réserver tous les droits sur des créations librement consultables est à mon sens absurde alors qu’on peut simplement les protéger en en interdisant un usage commercial par un petit sigle.

Felix, Robert Walser

death in the snow

Robert Walser est un personnage hors du commun. Peu connu de son vivant, il fut encensé par des personnages tels que Kafka et Robert Musil mais ne connut jamais de gloire auprès du grand public. Auteur allemand installé en Suisse, il passa une partie de sa vie interné en hôpital psychiatrique et sa mort tragique, un jour de Noël, arriva tandis qu’il se promenait dans la neige.

Felix est une sorte de pièce de théâtre écrite en solitaire tandis qu’il était enfermé et provient de ses fameux microgrammes. Texte court, c’est une ode à la jeunesse, à l’établissement de la personnalité au travers des différentes époques de la vie, à la recherche des fondements de la personnalité, et même si le texte reste dans sa forme profondément classique, l’impertinence et l’insolence du personnage de Felix restent profondément contemporaines. Courts moments de vie, d’une vie rêvée ou réelle, peu importe, on rit, on est ému, on se sent emporté dans une autre époque, rigide et froide, dans laquelle la jeunesse était encore un mauvais moment à passer et une ère de répression et de modelage social débridé.
Un texte sublime, rare, édité dans une collection miniature helvète, Mini Zoé.

Photo © MontanaRaven

Enfin, parodiant Pyrame en un sanglot

Il en rougit, le traître ! Alors, où veut-il en venir ? Tandis que dehors le vent des oracles terni par le souffle ensorcelé d’une vigie finit par altérer sens et perception, il vole au secours de sa propre détresse… Alors qu’il pensait tenir encore quelques temps le flambeau bien droit au dessus de sa tête, escarbilles et étincelles lui brulèrent la toison, le laissant pour à moitié chauve au vu et au su de tout le monde.

Il sentit monter en lui une portion de ce qui est indicible, l’incroyable victoire et l’appel du forcené, terré quelque part sous une motte défréchie de tourbe ancestrale. Alors il se retourna, émit un silence d’environ une demi-heure, cligna d’un oeil muet, sauta une fois, peut-être de trop d’ailleurs, tomba dans le ruisseau et finit par se dire que tous ces silences accumulés n’auront de cesse d’être sursis et consignés entre les lignes souples de quelque chose qui ressemble à un livre.

C’est le néant qui à tout coup attend quiconque tisse le vent.

Mousses

Moleskine collection

Un petit bout de mon univers sur papier… Je les ai tous rassemblé en un tas que moi-même je trouve impressionnant, et le pire, c’est que je les utilise tous.

Moleskine mess

De bas en haut ou selon l’ordre:

  1. Le plus grand, c’est mon journal de bord.
  2. Juste au dessus, un moleskine reporter qui me sert à noter des bouts d’histoires, des morceaux exploitables, écrites au crayon à papier.
  3. Un Letterbox à feuilles détachables, pour les lettres que je dois écrire et qui restent en suspens.
  4. Un autre moleskine à pages blanches, pour coller des souvenirs, écrire des morceaux de vie sans date, à titre expérimental uniquement. Un carnet secret.
  5. Un Muji que j’ai tenté d’exploiter pour écrire mon journal, mais il me sert à noter des références.
  6. Mon agenda Moleskine rouge, gagné chez Fabienne, utilisé à la fois comme tel et comme journal, j’y reviendrai.
  7. Au milieu, mon carnet de notes en tout genre.
  8. A droite, one year of white pages, mon journal pour le moment, en modèle réduit.
  9. En bas, mon Moleskine, cadeau de Noël, que je ne sais pas encore dans quel sens prendre 😉
  10. Et au milieu, mon plus petit carnet, un Muji à boucle, tout petit, presque trop.

Notes de lecture

Et puis mes notes de lecture, pratique pour noter les références dans les livres que je lis, histoire de rassembler mes impressions du moment, des citations.

Parce que tout ceci ne peut pas se faire au même endroit.