Lorsque je me suis mis en tête d’écrire un billet sur ce livre totalement hors-norme, je me suis dit que je ne parlerai pas de l’auteur, mais de l’oeuvre uniquement, et à y regarder de plus près, je me rends compte que c’est là un exercice quasiment impossible. John Kennedy Toole est un personnage absolument à part dans l’histoire de la littérature car désespéré de ne trouver d’éditeur pour son manuscrit qu’il considérait comme un chef d’oeuvre, il se donna la mort en 1969. Pourtant, quelques années après sa mort et grâce aux efforts de sa mère pour démarcher les maisons d’édition, l’écrivain Walker Percy décida de publier le manuscrit (A Confederacy of Dunces) qui se verra décerner le Prix Pulitzer de la fiction à titre posthume. Une belle aventure pour le livre, une tragédie pour l’homme. De santé physique et mentale fragile, son état se dégrada tandis qu’il se débattait pour trouver quelqu’un pour l’éditer. Continue reading “La conjuration des imbéciles – John Kennedy Toole”
Greffons WordPress
En découvrant WordPress, j’ai découvert également un monde grouillant de thèmes, de greffons, un univers riche et un peu désordonné. Après quelques semaines d’utilisation, je vous livre mon expérience des greffons installés ici avec leur utilité, le lien pour les trouver et leurs avantages. Continue reading “Greffons WordPress”
Mauvais Noël
Voilà, Noël approche, il est juste là et pour une fois, je vais parler de moi. Moi aussi, je ne bloguerai plus jusqu’à Noël parce que cette fois-ci, je n’en ai plus envie. Le bonheur qui m’emportait ces derniers temps a disparu d’un seul coup, balayé par un coup de fil qui a ruiné mes espoirs en deux coups de cuiller à pot.
J’ai passé une année exceptionnelle, pendant laquelle je me suis investi, où j’ai beaucoup donné de ma personne, où j’ai cru que je faisais les choses dans l’ordre et avec une conscience pointue, malgré le regard qu’on pouvait porter sur moi, et j’ai failli vendre mon âme au diable pour rien, pour rien du tout. Je n’ai rien. Juste un gros paquet de déception et l’impression que l’on s’est trompé sur moi, je traîne désormais avec moi cette tristesse qui doit se lire sur mon visage. Putain que j’ai mal.
Alors tant pis, pour ne pas faire la gueule au moment de Noël, je vais tenter de sourire, de ravaler ma fierté. Ça m’apprendra à penser que j’ai une quelconque valeur, du moins à certains niveaux. Ça m’apprendra aussi à faire confiance aux gens, à m’imaginer des choses. Je ne sais pas ce que je paie, mais si c’est une question de karma (il ne manquerait plus que ça), je pense que j’ai du faire beaucoup de mal dans une de mes anciennes vies, du genre tuer des enfants ou vendre des esclaves, voire même maltraiter des personnes âgées. Voilà, je retrouve mon humour.
Bon, on ne va pas chialer tout de même.
J’ai fini mes courses de Noël, tout est fait. Plus qu’à emballer tout ça. A attendre que Santa viennent baigner de son aura le soir de Noël…
Me laisser le temps de la réflexion, me calmer, prendre de la distance et surtout ne pas baisser les bras. Voilà mes projets. Prendre un livre aussi. Cosmopolis de Don DeLillo, un livre froid et mystérieux, pendant que de l’autre côté, je murirais ma réflexion sur la conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. Je vais me retirer un peu du circuit, passer de l’écran au papier, reprendre mes marques, tenter de reconstruire quelque chose pour l’année qui se présente. Pas de crise de confiance, car aussi cynique et revêche que je puisse être, j’aime ce que je fais et je sais que j’ai des capacités à la faire bien.
On dit que les 12 jours de Noël sont une sorte de passerelle temporelle, un espace chronique où tout est en suspens. Je prends ça comme tel et je vais en profiter pour me reposer. J’en ai vraiment besoin.
Voilà. C’était le billet morose de la fin de l’année et maintenant que je vous ai bien sapé le moral, je vous annonce fièrement que je suis en vacances. Voilà, c’est tout.
Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’années à tous.
PS: Juste une chose, je voulais passer un mail et téléphoner à certaines personnes pour leur souhaiter un bon Noël, mais je ne le ferai pas. Pardon.
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Horrible Christmas
A l’occasion des fêtes de Noël qui approchent, voici de quoi égayer vos soirées d’hiver, au coin du feu, une peau de bête sur le sol et… Non rien. Ce livre en anglais, est écrit dans le plus pur style britannique, bourré d’humeur noir tel une pipe bourrée de bon tabac et fait voir les fêtes de fin d’année sous un angle radicalement différent, en démontant un par un les mythes fondateurs.
Ainsi on apprend que jusqu’au début du 19ème siècle, fêter Noël aux Etats-Unis était illégal ou que le mot Christmas vient du latin Cristis Maesse (Messe du Christ – bon ça apparemment, j’étais le seul à ne pas le savoir). Du matériel drôle et instructif. Bah ! Humbug !
Bartleby & Cie, Enrique Vila-Matas
J’ai acheté ce livre, comme souvent, sur la simple annonce du titre. Un livre dont le titre contient le mot Bartleby est en soi d’une audace folle, car le personnage d'Herman Melville[1], l’inquiétant scribe, est l’archétype du personnage qui a renoncé à tout, et qui renonce même à écrire, en énonçant cette célèbre phrase I would prefer not to, qu’on s’est hasardé à traduire par Je préférerais ne pas ou J’aimerais mieux pas. Personnage pour le moins intriguant, Vila-Matas en fait un nom commun, dénomme le bartleby comme le personnage qui renonce à l’écriture. Le personnage de son roman, anti-héros conformiste par excellence a décidé de reprendre la plume après des années d’abstinence littéraire, pour écrire un livre de notes de bas de pages. Roman sans teneur, ce n’est pas un roman, ce n’est pas non plus un livre érudit sur la question. Ce n’est pas ça, tout en l’étant profondément. Les chapitre sont numérotés comme s’ils faisaient référence à un texte qui n’existe pas. Ici, le négatif de la littérature bat son plein. Livre noir, sombre, c’est une sorte de chant désespéré de l’écrivain qui n’écrit pas.
Renoncement à l’écriture, agraphisme, notes sans texte, paralysie de l’écrivain, égarements, soleils noirs de la littérature, tout est passé en revue avec méticulosité. Le narrateur se pose la question de savoir ce qui pourra advenir de la pulsion négative dans l’écriture, et sous le coup de l’excitation, de la fébrilité du style sous ses doigts, doit sans cesse s’arrêter d’écrire.
Le livre nous inspire une réflexion sur la fin de la littérature. Tous les livres ne sont que des notes en bas de page, on ne peut plus écrire de livres. La mémoire fixée par l’écriture permet tout de même de sauver de l’oubli.
Si l’on a besoin de fumer pour écrire, soit on le fait à la Bogart, la fumée vrillée dans l’oeil (pour un style rauque), soit il faut accepter que le cendrier s’approprie l’essentiel de la cigarette. Juan Benet.
Quelques cas marquants d’agraphisme ou de bartlebys:
- Samuel Beckett qui parce que l’anglais lui a pourri la vie. Il écrit en français parce que selon lui, c’est une langue plus pauvre et plus simple.
- Marcel Benamou, l’Oulipien qui a écrit Pourquoi je n’ai écris aucun de mes livres, dit lui même que les livres qu’il n’a pas écrit ne sont pas néant mais comme en suspension.
- Marguerite Duras, pour qui écrire, c’est ne pas parler et dont l’histoire de sa vie n’existe pas.
- Robert Walser le micrographe, pour qui écrire en tout petit semblait être une manière de désincarner l’écrit, dit qu’il est un zéro à gauche, l’arrêt avant l’arrivée, dans une sorte d’esthétique de la confusion.
- Pepin Bello, ami de Lorca, Dalì et Buñuel est et demeure l’écrivain sans oeuvre, qui écrivait pour ne pas publier, en disant dans un ultime sursaut de cynisme que c’était pour déconner.
- Susan Sontag, pour qui il faut abandonner l’art pour écrire.
- Giacomo Leopardi, pour qui écrire traduit l’impossibilité d’un art supérieur.
- Paul Valéry qui malgré ses 29000 pages de cahier, dans son Monsieur Teste, dit que plus on écrit, moins on parle.
- Fogwill qui prétend écrire pour ne pas être écrit (et en cela rejoint un point particulier de la pensée de Deleuze)
- Marcel Schwob, dans son étonnant Pétrone, décrit un être qui cesse d’écrire à partir du moment où il commence à vivre ce qu’il avait imaginé dans son écriture.
- Oscar Wilde enfin, qui cesse d’écrire lorsqu’il a saisi le sens de la vie, pour s’adonner à la paresse.
Un maître mot; la littérature est sa propre négation.
Notes
[1] De son vrai nom Herman Melvil.
Ainsi tout commence
J’ai inversé la tendance. En écrivant sur le papier, je m’exprime plus et plus clairement, de manière plus sereine, ce qui me permet aussi d’avoir une meilleure visibilité sur ce qui doit être dit et ce qui peut être tu. Le silence comme un art de vivre.
Aussi, lors de mes interrogations perpétuelles, je me suis mis à imaginer un livre. Un livre qui n’en serait pas un, mais plutôt une succession de listes d’aides pour écrivains en manque d’inspiration. Ainsi, on pourrait imaginer des recueils pour suggérer:
- Une liste de pseudonymes potentiels
- Une liste de titres de romans potentiels
- Une liste de débuts de romans potentiels
Histoire du jeune homme aux tartelettes à la crème

Hier soir, je me suis plongé dans l’épais volume des oeuvres complètes de Robert Louis Stevenson[1], un des deux livres édités chez la Pléiade dont je dispose. Au coeur de cette ouvrage, regroupant entre autres The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde, Treasure Island, se trouve un volume que l’on n’a pas l’habitude de citer au regarder d’un des plus célèbres écrivains écossais, The New Arabian Nights. Attiré par le titre, a fortiori par le titre du premier cycle dans lequel se trouve la nouvelle Story of the Young Man with the Cream Tarts (1878), The Suicide Club. Ambiance victorienne et brouillards londoniens, un prince de Bohème, Florizel, et son fidèle maître de chevaux, le colonel Geraldine sillonnent les bas quartiers, se vautrant dans la luxure sous des habits de pacotille. La rencontre du jeune homme aux tartelettes à la crème va les plonger dans une société secrète vouée au culte la mort par procuration, dans laquelle on fera brièvement la rencontre de l’économiste Malthus. Une nouvelle baroque et haute en couleur, un tantinet moralisatrice, mais d’un style flamboyant et enchanteur.
Notes
[1] De son vrai nom Robert Lewis Balfour Stevenson
Questionnaire questionnant
Et moi qui me disais, c’est cool, tout le monde m’oublie, ils vont me foutre la paix et personne ne va m’envoyer le questionnaire. Et puis Farfounet des bois s’est rappelé de moi, alors il m’envoie le bouzin…. Alors bon, que voulez-vous !
Brautigan Library
Située au dernier étage de la Fletcher Free Library à Burlington, Vermont, la bibliothèque Brautigan est un lieu étrange à plus d’un titre. Tout d’abord, elle emprunte son nom à un écrivain maudit. Richard Brautigan, mort suicidé dans une caravane, isolé du monde, il était une des dernières figures légendaires de la Beat Generation.
D’autre part, Brautigan a écrit un roman, The Abortion, laquelle prend place dans une bibliothèque qui ressemble étrangement à celle-ci. Dans un autre roman, Trout Fishing in America, le dernier mot est le mot mayonnaise. Tout ceci explique le rôle de cette bibliothèque, puisqu’à l’image du roman, ses rayons contiennent des manuscrits de romans non publiés, refusés à la publication ou inachevés.
Unique au monde, c’est un endroit fascinant qui permet de magnifier des oeuvres d’anonymes qui n’ont jamais connu la gloire. D’ailleurs, n’importe quel quidam peut y envoyer ses oeuvres si tant est qu’elles remplissent ces critères. L’autre originalité de ses rayons, c’est que les serres-livres sont des pots de mayonnaise. Inutile de dire que l’idée de cette incongruité a été mise en oeuvre par des inconditionnels du poète.
Liens:
- A visit to the Brautigan Library
- Boston.com
- The Brautigan Archives
- Autobiographie, autofiction, journal intime sur le site de la BNF
- Tous les liens mènent au journal
- The Brautigan pages
La perfection des lignes
Il fait doux ce matin.
A mon arrivée au guichet de la gare, je jette un coup d’oeil à la pendule. Depuis deux mois, l’affichage électronique des horaires des trains est toujours momentanément suspendu. Je me retourne vers la vitre et je surprends le visage d’un ange tendu vers moi qui me sourit; elle réussit à m’arracher un moment de satisfaction et de plaisir. Je lui souris également, politesses échangées. Moment tendre.
Dehors, une rangée de culs alignés sur les bancs du quai. Certains plus généreux que d’autres, d’autres plus beaux que certains. Je prends ma place sur le quai, toujours la même, en tête de train. Je n’aime pas la queue. En passant, une fille qui grille un clope me regarde marcher avec l’oeil en coin, l’air de se demander si je la regarde également. Evidemment jeune péronnelle, que je te regarde aussi.
Un peu plus loin, dans le métro, un visage taillé à la serpe en pantalon large de tweed me regarde l’air ensommeillé, distraitement, jette un coup d’oeil au livre que je tiens dans les mains. Elle est jolie, de cette beauté brute et sauvage que cache une épaisse chevelure indomptable.
Plastic House, Kengo Kuma, Tokyo.
Au sortir du métro, je vois Benjamin qui file vers la boulangerie acheter son petit croissant qu’il va encore fourrer dans la poche de son éternel pardessus noir. Tout va bien.
Le monde est toujours là, ses lignes sont parfaites.