La part infime

J’ai pris le chemin le plus court, celui qui incite à en dire le moins possible.
Les mots, je les tranche, j’entaille mes paragraphes, je réduis mes textes et d’une prairie d’herbes hautes, je fais un gazon propret, en choisissant mes mots, en les soupesant.
Et alors, j’ai commencé un travail d’économie qui consiste à tendre vers le moins possible, la plus petite part de moi-même, la part infime.

Symétrie

Café Madeleine

Vitrine

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Henry%20Mancini%20-%20Lujon.mp3]

J’aime beaucoup cette photo que j’ai prise l’année dernière, à peu près à la même époque. C’était une belle journée d’hiver ensoleillée, une journée tendre et froide pendant laquelle je suis monté au tout dernier étage d’un grand magasin pour admirer les toits parisiens et les reflets argentés des vitres, les tons opaques des toits en zinc et tout en bas la foule grouillante et bruyante.
Pour moi, cette photo c’est Paris. C’est Paris tel que je l’aime, capitale du luxe aux rues illuminées, le Paris que j’aime de plus en plus. Cette photo, je l’ai prise aux abords d’un magasin luxueux de la rue Tronchet, aux environs de la Madeleine, à deux pas des Grands Magasins. On y voit le reflet (je m’en suis rendu compte aujourd’hui) du Café Madeleine qui se trouve juste en face. Ce que j’aime aussi, c’est que pendant que je prenais la photo, j’avais l’impression qu’elle me regardait et que c’était pour moi qu’elle prenait la pose. Une certaine vision de l’hiver…

Grands Magasins de Paris

Grands Magasins de Paris

Continue reading “Café Madeleine”

Je ne sais pas si vous êtes comme moi les copines, mais j'adore me maquiller les yeux

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Very%20stylish%20girl.mp3]

Ce dimanche, je me suis acheté un livre rose, un livre qui, comme ça, vu de l’extérieur n’est rien d’autre qu’un livre dans une pochette rose recouverte d’une sorte de velours comme on en trouve sur ces vieilles brosses à vêtements enfin je dis vieilles pas tant que ça c’est surtout le genre de choses qu’on trouvait dans les années 70, enfin que je trouvais dans les placards de ma mère quand je n’étais encore qu’un petit morveux – c’est pas vrai d’abord je n’ai jamais eu de chandelles qui descendaient des narines – je suis tombé sur ce livre avant d’avoir hésité longuement à prendre une édition brochée des Particules Elémentaires de Michel Houellebecq qu’il faut certainement avoir lu mais lorsque j’ai eu entre les mains ce livre recouvert de moumoute rose, je me suis dit voilà le livre qu’il me faut, le vrai livre qui de l’extérieur ressemble à un livre de fille, je dirais même de pétasse et qui est en fait un des plus grands romans du XXè siècle paraît-il et que je n’ai toujours pas lu et pour le coup je me suis dit qu’en avoir une édition en moumoute rose était l’occasion de le lire. Non ? Ça ne tient pas ? C’est justement pour ça que c’est important.

lolita

Alors c’est quoi ? Ce sont les mémoires de Dom Juan ? Non. Ni plus ni moins que le chef d’œuvre de Nabokov, Lolita. Une telle couverture s’imposait-elle ? Certes, il ne pouvait en être autrement, et puis j’ai flâné longuement entre les tubes de peinture les pastels gras les pastels aquarellables, et autres pastels de toutes sortes et aussi les crayons les mines les stylos les feuilles et les carnets enfin bref tout ce qui sert à écrire et à dessiner et je n’ai qua-si-ment rien acheté… je dis bien qua-si-ment parce que je n’étais pas là pour moi mais pour mon fils le coquin qui a lui de son côté flâné longtemps entre les livres de coloriages de Noël les livres sur les dragons et les atlas de tout acabit et a réussi avec son sourire d’ange à se faire offrir plein de choses par les vendeurs, il est comme ça – il s’avance vers les gens en souriant et tout lui tombe entre les mains, d’ailleurs faudrait voir à ce que ça n’arrive pas trop souvent qu’il ne s’imagine pas que tout est toujours aussi simple – et puis j’ai vu énormément de livres intéressants comme ce tout petit livre très cher sur les photos de Anja Hyytiäinen qui s’appelle Distance Now avec de très beaux clichés très crus et très froids comme savent en faire les gens du Nord (le premier qui siffle la chanson d’Enrico Macias c’est deux gifles), mais aussi Sensationnal Billboard aux éditions Teclum sur les panneaux publicitaires, Do not disturb de Chas Ray Kinder, très porno chic ou porno tout court et aussi un livre dont je ne soupçonnais même pas l’existence, un livre de leçons de photo écrit par le très célèbre Stephen Shore.

Une very stylish fille

Et puis je suis allé à Paris, samedi, dans les grands magasins du boulevard Haussmann, je voulais aller sur le toit du Printemps mais il faisait déjà presque nuit quand je suis arrivé et puis de toute façon, je ne suis pas allé au Printemps mais aux Galeries Lafayette plus connues sous le nom de Galeries de la Fille ou Temple du Superflu et de la séduction clinquante ou encore Naos du petit cul qui se trémousse, c’est une question de point de vue et fichtre qu’il y avait du monde, dans les rues, sur les trottoirs et dans les allées, aux caisses et dans les rayons, jusqu’au plus haut de cet immense vrac de choses brillantes et de choses chères et plus chères qu’ailleurs, et puis toutes ces femmes, que des femmes – faut dire aussi que si on se contente de se promener au 4ème étage – pour celles (et ceux, mais bon) qui connaissent – ben c’est forcé qu’on soit noyé au milieu des femmes shoppingnantes parce qu’on est ici à l’étage Tendances de la femme, c’est un peu le Gotha du brillant de la marque du tendance et du c’est vraiment trop génial pour les femmes. J’adooooooooore…

Dehors les vitrines clignotaient miroitaient reflétaient cliquaient et tous ces gens horribles prêts à se monter dessus pour voir les vitrines animées et qui poussaient leurs enfants pour qu’ils soient les premiers et qu’ils puissent voir absolument en marchant sur les pieds et sur le visage de leurs congénères – leur inculquant dès le plus jeune âge les règles les plus élémentaires de la vie en société soit la traîtrise la couardise et le méchanceté, rien de moins que tout ce qu’on retrouve chez leurs chers parents et lorsque je vois de toutes petites filles vêtues de fourrure blanche, des vraies certainement et les pieds chaussés de souliers vernis de marque, je me dis que le monde n’est pas prêt de tourner rond, alors je change de trottoir, là où l’air est moins vicié et les gens moins puants et je dis à mon fils qu’on viendra un soir de semaine quand tous ces cons seront chez eux et je le laisse sucer son sucre d’orge en lui disant d’essayer absolument de se rappeler qu’on est encore en novembre et que Noël – ce n’est que dans un mois… On l’oublierait presque.

sucre d'orge

La grande migration des crabes rouges de Christmas Island

Photo © Vincs

Gecarcoidea natalis, comme son nom l’indique, est une espèce de crabe endémique d’une petite île située non loin des côtes indonésiennes et pour les quelques 1600 habitants de l’île, c’est un véritable cauchemar auquel ils se sont pourtant habitués. En effet, tous les ans en octobre et novembre ce petit crabe rouge absolument inoffensif et végétarien opère sa grande migration, envahissant ainsi les moindres recoins de ce monticule de terre éloigné de tout qu’est Christmas Island. Sortant par milliers, dizaines de milliers de la jungle (l’estimation de la population de crabes rouges est d’environ 120 millions), ils envahissent l’île pour rejoindre l’océan et y pondre leur oeufs. Ainsi, ce ne sont pas moins de 65 millions de femelles qui traversent 8 km en 5 jours pour rejoindre les plages et autant dire que cette migration est un véritable fléau. Envahissant les rues, les propriétés, les routes, ils occupent tout l’espace disponible jusqu’à paralyser complètement l’activité de l’île pendant ces deux mois d’enfer. Inévitablement, malgré tout le respect des habitants pour leurs voisins pour le moins encombrants, tous les ans ce sont des milliers d’entre eux qui périssent, principalement sur les routes.
Continue reading “La grande migration des crabes rouges de Christmas Island”

Rodolphe Simeon

Rodolphe Simeon ne photographie que des visages, des corps, dans une sorte d’esthétique soutenue qui à première vue semble particulièrement travaillée. Mais au-delà des histoires qu’il nous raconte, se trouvent des univers dérangeants, des mises en scène cruelles et transgenres, même lorsqu’il descend dans la rue pour photographier les sans logis.
Attention, certaines images peuvent choquer.

Rodolphe Simeon

Rodolphe Simeon

Rodolphe Simeon