Amok

Aussi fous croyons-nous être, certaines journées sont ponctuées d’événements qui nous laissent croire que certaines personnes le sont encore plus. C’est dire ! Petit fou que je suis…

Dans les couloirs du RER, alors que je descendais les escaliers, une masse est venue s’intercaler entre mon champs de vision et les marches que je dévalais. Une fille, toute engoncée dans un imperméable kaki trop petit et les cheveux ramassés sous une casquette de gavroche venait de débouler devant moi, manquant de me faire trébucher. Je m’imaginais bien terminer ma course le crâne fracassé sur le rebord métallique d’une marche en béton. Non, ce n’était pas le bon jour pour mourir. Je l’ai toisée, de dos, de telle sorte qu’elle n’a pas du avoir bien peur de mon regard furibond.

Un peu plus loin, son pied, s’est retrouvé déséquilibré à cause d’une aspérité du sol. Son corps de pantin désarticulé a très désinvoltement esquissé un pas de danse léger et foncièrement ridicule, grotesque, comme si plus rien ne la retenait au sol, et son visage impassible est venu s’étaler lamentablement contre le mur de gauche comme un vieux flan tout flasque. Je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire, d’un rire qui voulait dire: “Bien fait pour toi, connasse !!” J’ai la rancoeur tenace.

Un homme s’est approché d’elle pour lui demander si tout allait bien, mais ce n’était pas moi. Ça va pas non ?

Photo © Mahadewi

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