Bibliothèque infinie et prête à consommer

Tous les livres ne sont pas comestibles. Du moins pas tout de suite. Un livre, c’est avant tout une oeuvre d’art qui ne se laisse pas forcément approcher facilement, il a un côté revêche qu’on se doit de respecter, sans quoi tout serait beaucoup trop facile. Certains livres sont consommables de suite, d’autres nécessitent une maturation, cela dépend de certains facteurs comme la disponibilité, les intérêts du moment, l’air du temps, et même la mode ! Aussi, il me semble important de pouvoir se constituer une bibliothèque infinie, un concept auquel je tiens énormément.

Le fait est que nous ne sommes pas forcément disponible pour les livres qu’on achète sur un coup de tête ou au contraire parce qu’on n’arrivait pas à le trouver depuis longtemps, mais il apparaît également que certains livres ne peuvent pas être consommés tout de suite, et je dirais heureusement.

Mon expérience personnelle me ramène à l’achat d’une grande quantité de livres lorsque j’étais à l’Université, des livres que je ne pouvais pas me permettre de lire parce que mes études me prenaient trop de temps et que je concentrais tout mon temps de lecture disponible à des ouvrages ayant directement trait à mes sujets d’étude. Alors je les ai gardés, j’en ai lu certains. Par exemple, L’invention de Morel d’Adolfo Bioy Casares est un livre que j’avais acheté en 1996 parce que Borges y faisait référence dans un de ses livres (était-ce Le livre de sable ?) et je n’ai fini par le lire qu’en 2005 parce que j’ai relu le livre de Borges et que je me suis souvenu que je possédais ce petit livre.

Photo © Nachosan

C’est ainsi que je conçois la Bibliothèque infinie. Des ouvrages achetés, empilés, peu importe si on les lit un jour ou pas, mais le principal, c’est qu’ils soient là, quelque part en notre possession pour leur côté rassurant et qu’on sache qu’on les possède, qu’on sache que le jour où… ils nous attendent et ne demandent qu’à être lus par des yeux qui les ont attendu longtemps.

J’ai recensé tous les livres que je possède et ils tiennent en tout dans une trentaine de cartons de taille raisonnable. C’est énorme, j’en ai parfaitement conscience, c’est même certainement beaucoup trop. Certains d’entre eux iront aux bonnes oeuvres, d’autres partiront à la benne, d’autres encore occuperont un jour une place de choix parmi mes livres préférés, et d’autres serviront de cale pour une table bancale. Je sais qu’ils existent, je sais très précisément ce que j’ai lu et ce que je n’ai pas lu, je sais aussi ce que je lirai un jour et ce que je ne lirai pas.

Rien ne me fait plus plaisir en compulsant un livre acheté récemment de constater qu’il y est fait mention d’un autre que j’ai acheté dix ans auparavant et qui m’attend quelque part, prêt à être consommé car sa période de maturation arrive à son terme.

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