Terry Evans

La photographie de Terry Evans ne se contente pas de montrer, elle referme une véritable vocation didactique et naturaliste. De superbes séries.

Terry Evans

Terry Evans

Terry Evans

Terry Evans est également à l’origine du projet Revealing Chicago, un vision thématique et très agréable de toute la région de Chicago se déroulant sous forme de carte interactive.

Frank Zappa – Stevie's Spanking

Ce que je viens de trouver sur Youtube est un petit bijou. Ce que j’écoutais avec mes premiers CD, mes cassettes audio, bandes magnétiques pourries quand j’étais adolescent, je peux désormais le voir là sur mon ordinateur. Frank Zappa et Steve Vai dans un duel de guitares affolant sur Stevie’s Spanking. Vai, qui en passant n’a fait que d’horribles albums depuis qu’il a été viré de la troupe de Zappa (et encore, je suis gentil et celui qui viendra me contredire… bon), en caleçon moulant et ticheurte léopard se donne à fond sur cette vidéo. Zappa, lui, toujours décontracté, maître parmi tous, exécute son solo, sa clope coincée entre les cordes. Prise de vue originale, angles hallucinants, c’est un de ces terribles morceaux d’anthologie intense comme seul Zappa savait en créer.
En bonus, Terry Bozzio sur Black Page (Zappa in New-York), nerveux et sec et une autre vidéo qui picote un peu les yeux, de More trouble every day avec le génialissime Napoleon Murphy Brock et sa voix craquante (il me semble qu’on voit aussi Ruth Underwood – ben oui, je les connais tous). Continue reading “Frank Zappa – Stevie's Spanking”

Bulle pétillante d'ennui

La Coupole

Coup de moins. Les autres sortent. Moi, on ne m’invite même plus, par habitude. J’ai l’habitude de décliner, alors maintenant, je me satisfais du déclin. On ne me regarde plus et on ne se gêne même plus pour en parler. Je ne leur en veux même pas.
Je regarde mes chaussures piteusement dans la rue en marchant vers la station de métro. Ça va passer, certainement.

Elle ne répond pas. Je m’assieds sur le perron et la tire par la main jusqu’à ce qu’elle m’imite. Je me rapproche afin de me caler contre elle. Une sensation de joie trouble m’envahit. De la main, je tourne son visage vers le mien. Alors, je me penche sur elle et je l’embrasse. Puis je l’enlace. Et je m’abandonne au souffle qui s’empare de moi. C’est ainsi que je connais l’ivresse avant le vin.
Nous oublions le temps et la peur.
Nous oublions la famille et le quartier.
Mêmes les fantômes ne peuvent nous séparer.

Naguib Mahfouz, Récits de notre quartier.

Le paquet-message de Kipling

A l’affût de toute anecdote concernant ceux du Cercle (du récit qui donne un beau visage), que ce soit Borges ou Kipling, j’ai trouvé ces mots ce matin, dans l’Histoire de la lecture d’Alberto Manguel.

Alors qu’il m’écoutait lire un poème de Kipling, “Bisesa” (dans L’homme qui voulut être roi), Borges m’interrompit après une scène où une veuve hindoue envoie à son amant un message composé de plusieurs objets emballés ensemble. Il en souligna la justesse poétique et se demanda à haute voix si Kipling avait inventé ce langage concret et cependant symbolique.

India WomanPhoto © Mirjam Letsch

Un numéro renvoyait à une note en fin d’ouvrage :

A l’époque, ni Borges ni moi ne savions que le “paquet-message” de Kipling n’était pas une invention. D’après Ignace J. Gelb (The History of Writing, Chicago, 1952), au Turkestan oriental, une jeune femme envoya à son amant un message consistant en une poignée de thé, une feuille d’herbe, un fruit rouge, un abricot sec, un morceau de charbon, une fleur, un morceau de sucre, une aile de faucon et une noix. Le message signifiait : “Je ne peux plus boire de thé, je suis aussi pâle que l’herbe sans toi, je rougis quand je pense à toi, mon cœur brûle comme le charbon, ta beauté est celle d’une fleur, ta douceur celle du sucre, mais ton cœur est-il de pierre ? Je volerais vers toi si j’avais des ailes, je suis à toi telle une noix dans ta main.”

Un peu plus loin, une citation que je ne peux laisser passer, d’Ezechiel Martínez Estrada :

Lire est une des formes les plus délicates de l’adultère.

La part infime

J’ai pris le chemin le plus court, celui qui incite à en dire le moins possible.
Les mots, je les tranche, j’entaille mes paragraphes, je réduis mes textes et d’une prairie d’herbes hautes, je fais un gazon propret, en choisissant mes mots, en les soupesant.
Et alors, j’ai commencé un travail d’économie qui consiste à tendre vers le moins possible, la plus petite part de moi-même, la part infime.

Symétrie

Le côté couloir

Second floor

Je pense que l’idée du couloir, qui fait que j’ai pris ces photos en hauteur, était très importante. On s’aperçoit d’ailleurs que les images les plus intéressantes ne sont pas celles qui s’approchent de la bonne photographie, mais ce sont plutôt des choses qu’on n’a pas l’habitude de voir en photos. Des coins de route, des choses comme ça, tout le contraire de ce que j’ai fait quand j’avais 30 ou 40 ans. J’ai photographié des choses qui d’ordinaire ne sont pas à photographier, qui ne sont pas interdites mais qui, a priori, ne présentent pas d’intérêt. Des lieux où l’on peut imaginer qu’un jour on s’est trouvé à attendre un autobus, à attendre quelqu’un, parce qu’on était en panne, que l’on a marché et on s’est assis sur un banc, ou en roulant avec une voiture, cette espèce d’observation silencieuse. Et c’est vrai que le côté route ou le côté rail, le côté couloir, avait son importance dans le choix de la prise de vue en hauteur.

Raymond Depardon, Errance

Comment photographier de la même manière après ça ? Depardon dit tout ce que j’ai toujours cherché dans les arts visuels, dans la photographie, l’architecture et l’écriture, tout ce en quoi je suis en recherche. Une démarche simple et décalée, comme si on était toujours à côté du sujet.
Une autre manière de se recentrer dans le monde…