Vous aurez de mes nouvelles (Jean-Paul Dubois)

Portmeirion beach – Photo © Ken Douglas

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Le gardien me tendit un bol de café, j’en avalai une gorgée brûlante et, après avoir remercié le vieil homme, j’allais me recoucher. Tout allait peut-être se passer plus vite que je ne l’avais pensé. J’avais compté sans Adams. Grâce à lui, le temps qui me restait me paraîtrait moins long. Dans l’après-midi, alors que je marchais sur la plage, je remarquais que mes empreintes sur le sable étaient très légères. Cela n’avait rien à voir avec mon poids ou ma façon de marcher. Non, cela tenait à ma façon de vivre, d’effleurer l’existence. J’étais quelqu’un qui ne laissait pas de traces. Quelqu’un qui laissait les choses lisses.
” Prends soin de toi “

Autrefois séduit par l’Amérique m’inquiète et récemment par Vous plaisantez Monsieur Tanner, j’ai réitéré avec succès l’expérience Jean-Paul Dubois. Malgré un nom purement passe-partout, Dubois est un écrivain que j’affectionne particulièrement car beaucoup de choses dans son écriture ne sont pas typiquement de tradition française. Il est de ceux qui écrivent avec l’accent américain, comme d’autres parlent le français avec l’accent québécois. Ses nouvelles, pour la plupart, sont écrites avec du ketchup et de la sauce barbecue, en disent peu mais avec la justesse et la précision laconique des grands auteurs américains, jusqu’au décor, transposable n’importe où, de manière intemporelle, que ce soit sur une plage du Pacifique, dans le désert du Nevada ou bien dans une chambre de bonne parisienne. Un ton juste, des situations improbables, drôles à l’excès mais renfermant toujours une dimension dramatique, et comme dans Vous plaisantez Monsieur Tanner, sous la légèreté de ton, on y décèle une incroyable solitude, celles des hommes seuls qui ne se satisfont pas de leur sort. A lire de toute urgence.

Je crois que je rêvais de quelque chose d’agréable, quelque chose qui n’avait rien à voir avec ma vie. Et puis je me suis réveillé. En écartant les rideaux, je me demandais comment se passaient les choses dans l’immeuble d’en face. Si les types y arrivaient à chaque fois. Si leur femme éprouvaient vraiment du plaisir. Le téléphone a sonné, il était presque midi.
– Je voudrais prendre le reste de mes affaires.
Les Fourmis

Seuthopolis

Dans une petite du centre de la Bulgarie, Kazanlak, a été découverte en 1940 l’ancienne ville Thrace de Seuthopolis dont les ruines, très bien conservées, remontent au 4è siècle avant J.-C. Située dans le creux d’une vallée, sa découverte arriva bien tardivement, car il était déjà prévu la construction du réservoir de Koprinka qui devait engloutir totalement les restes de cette civilisation aux origines encore obscures.

Pourtant, en ce début de siècle, l’architecte Zheko Tilev lance l’idée d’un projet grandiose ; construire un barrage autour de la cité antique pour la rendre à nouveau accessible, grâce à une structure isolant la ville du reste du réservoir. Il va même plus loin, car il projette également de reconstruire la ville à l’identique ; le but étant de pouvoir inscrire le site au patrimoine mondial de l’UNESCO et de développer le tourisme dans cette région pauvre de la Bulgarie.

Projet titanesque qui ne manque pas d’inventivité et d’audace, il laisse rêveur: un mur d’un diamètre de 420 mètres, situant la ville à 20 mètres au-dessous du niveau de l’eau et une bague lumineuse sur l’enceinte qui rendrait le site visible de l’espace (si tant est qu’on y aille un jour).

Via Pruned, où l’on peut voir le projet en images.

Fabienne et moi avons décidé de vous emmener dans un tour du monde virtuel. Vous pouvez suivre les étapes de ce voyage sur Google Maps.

Reliquât

Je me suis aperçu qu’il me restait encore quelques pages à lire.
Je n’avais pas tout à fait terminé Lolita.
C’est étrange de se rendre compte, quelques jours après que l’œuvre est inachevée dans sa lecture.
Elles ont été oubliées, elles n’ont pas été lues, ces dernières pages.

Stephen Wilkes

La photographie de Stephen Wilkes est faite d’ombres et de lumières, de noirs et de blancs, de points de fuite et de perspectives, de relations d’intérieurs et d’extérieurs, une photographie de laquelle se dégage une ambiance feutrée et silencieuse, une magie douce qui trouve son point d’orgue dans les motifs et la simplicité d’une image dépouillée, à la limite de l’esquisse.

Stephen Wilkes

Your daily dose of design inspiration & Joey Lawrence

The Serif

Lorsqu’un site passe par le visuel pour accrocher le regard, ça fonctionne souvent mieux que lorsque on signale un lien par du texte. J’ai remarqué au fur et à mesure du temps, que l’illustration, forcément partiale, attirait plus le regard, donnait plus envie de cliquer et de se perdre.
The Serif fait partie de ces refuges que j’aime visiter. De plus en plus, les blogs adoptent des sous-titres, une annonce accrocheuse ; la sienne est “Your daily dose of design inspiration” et je trouve que ça colle parfaitement. Alliance parfaite de sobriété et de fantaisie, c’est lieu riche et somptueux.

J’y ai découvert, entre autres choses, le portfolio flamboyant et baroque de
Joey Lawrence, un photo-reporter un peu déjanté qui traîte aussi bien des sujets légers que la tristesse ineffable des sans-domicile.

Joey Lawrence

Le porno chic clean et sale de Terry Richardson

Terry Richardson

Terry Richardson a tout du type franchement répugnant. A mes yeux, il a quelque chose d'Hunter S. Thompson dans sa manière de raconter les choses, par l’image. Provocateur extrême n’hésitant pas à photographier Kate Moss, nu – lui, pas elle – sur la plage ou se faisant photographier à poil, voire dans des situations pour le moins originales, Terry Richardson passe pour un gros dégueulasse et c’est ce qu’il est apparemment.
Pourtant, les très hype ou très luxe n’hésitent pas à faire appel à lui pour des campagnes de pub très ciblées. Ainsi, ses photos font souvent la une de Vogue et les produits pour lesquels il a vendu ses services ne sont ni plus ni moins que des marques de luxe, des parfums ou des vêtements haut de gamme.
Ainsi, Sisley n’hésite pas à lui demander de jouer la provocation avec cette publicité comparant le parfum à une drogue que sniffent deux junkies. L’univers de Terry Richardson est comme divisé en deux parties. Une face très luxueuse avec des photos léchées presque atones et stérilisées, une autre franchement cradingue, crue, à la limite de l’obscène.
C’est ce qu’il y a de fascinant en lui.

Terry Richardson

Un petit peu chaque jour, avec une tasse de café

chantier en hauteur

Le soir venu, j’ouvre mon gros cahier de brouillon – c’est ce qui est écrit dessus – à spirales, pratique, je rassemble quelques stylos histoire de tout avoir sous la main – je déteste tomber en panne d’encre et je m’aménage mon petit espace de confort, une tasse de café fort dans une petite tasse noire de laquelle s’échappe une fumée légère, au-dessus de la mousse brune, de quoi me rafraîchir aussi, une boisson aux agrumes pétillante, mes notes de travail et je me lance, je récupère mon idée de la veille au soir et j’enchaîne immédiatement – les phrases viennent naturellement, elles coulent et s’articulent, mes idées sont nettes, je sais où je veux en venir et ça fonctionne, c’est clair pour moi et pour mon stylo aussi, ma pensée se matérialise sous forme de mots en connexion directe – c’est tellement agréable de se dire qu’il n’y a plus de frein à ce que je veux écrire. Du travail, de la discipline, la volonté de construire quelque chose d’agréable à lire, un petit peu chaque jour, avec une tasse de café.