You see what I mean – Odeurs

Il existe un monde dans lequel on finit par rêver tant les petits délices de la vie se font rares, alors on se prend à imaginer que quelque part, ailleurs, dans un autre monde ou plus prosaïquement dans un autre pays, un monde d’odeurs puisse nous entraîner et nous attirer comme le fait le joueur de flûte avec les enfants de Hammelin au dehors de la ville. Une vision exotique des choses dans laquelle rien ne subsisterait des tracas, simplement un monde idéal enchantant les sens, que ce soit pour ses couleurs ou ses odeurs. Un monde dans lequel serait effacé tout ce qui, métaphoriquement ou non, serait malodorant, nauséabond.

n° 22 Odeurs

Odeurs de chou

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

You see what I mean – Beaucoup de bruit

Je déteste le bruit, je déteste vraiment. Je pense que sur terre, personne, pas même les moines du monastère bénédictin de Ganagobie, ne hait autant que moi le bruit. Je suis capable de passer des heures sans le moindre bruit autour de moi sans que cela ne puisse influer sur mon être. Je préfère de loin l’absence de bruit à l’absence de n’importe quoi d’autre. Pourtant, il y a cette douce contrariété qui me fait mentir parce que ce bruit, certes pas à l’excès comme souvent, fait partie de ma vie et m’enchante, me fait me sentir vivant plus que tout au monde. Même si pourtant, rien n’est plus dur à faire taire que ce bruit, il a quelque chose de foncièrement charmant. Surtout lorsqu’il me regarde comme ça… Continue reading “You see what I mean – Beaucoup de bruit”

You see what I mean – Gaspillage

Tu sais, j’ai essayé une fois, parce que ça faisait longtemps que je me disais qu’il fallait que ça se termine comme ça. Plus je me regardais dans le miroir, plus je me disais que ce n’était plus possible, que ce n’était plus moi et que j’en avais marre de trop prendre sur moi. Je m’imaginais dans 20 ans, toujours au même endroit, toujours là alors que les autres ne faisaient qu’avancer, et moi non… Insupportable.
J’ai fait mon sac, quelques affaires, et j’ai utilisé le peu d’argent que j’avais pour prendre un billet d’avion, grandes distances, première destination, c’était New Delhi. Il fallait que ça cesse. Trop de gaspillage depuis trop longtemps.
Et maintenant ? Ben maintenant, je me sens en vie… Continue reading “You see what I mean – Gaspillage”

You see what I mean – Où

Je ne sais plus où… Il y a tant de lieux fantasmatiques dans lesquels j’aimerais vivre que je ne sais même plus où. Je me réfère aux cartes ou aux noms de lieux dont je me souviens et qui me disent à chaque fois des mots doux, aux atlas, simples cartes impersonnelles qui ne disent rien d’autre que du pur factuel, géographique ou géopolitique. Les noms de lieux sont comme des rêves éveillés dans lesquels je tente de supprimer mon âme, histoire de ne pas trop m’y enfoncer. Et enfin, je reste là, je ne pars jamais vraiment, je reste résident du néant…

n° 19 Où

ou

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

You see what I mean – Derrière la porte

Qui sait ce qui se passe derrière la porte ?
Personnellement, lorsque je vois des toilettes mixtes, j’aime à imaginer que tout peut être drôle, ou tout au moins cocasse. Derrière la porte, il y a toujours un fantôme ou un cadavre, quelque chose d’inattendu, même si ce n’est qu’une déception. Mais la déception me fait toujours l’effet délicieux de la surprise…

n° 18 Derrière la porte

Derrière la porte

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

You see what I mean – Improbable

« Alors dites-moi, comment avez-vous fait pour en arriver là ? »
« Qui ? Moi ? » Sa voix avait atteint une sonorité suffisamment haute perchée pour le surprendre au moins autant que sa réponse. Évidemment que c’était à lui qu’on s’adressait.
« Eh bien je ne sais pas vraiment en fait, je pense que c’est un pur concours de circonstance, le fait de se trouver au bon moment et au bon endroit, c’est assez surprenant à vrai dire, mais rien de ceci n’a été voulu. Toutefois, j’ai un peu de mal à croire au hasard. En fait, tout a commencé le jour du spectacle que Jean Rochefort donnait au Figuier Blanc. »
« Vous pouvez nous en dire plus ? » On voyait bien que le journaliste ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir, même s’il cachait sa curiosité comme on planque son nez sous l’écharpe en plein hiver.
« Bah en fait, je dormais dans une loge, pas très loin de la scène, j’étais arrivé tôt le matin et je n’en pouvais plus, quelques heures déjà avant le spectacle. Il y avait une bonne dizaine de bouteilles de Champagne présentées dans des seaux alors je me suis dit qu’une de moins, ça ne se verrait pas forcément. Je me suis servi une flûte. Une autre, et encore une autre, jusqu’à être passablement rond et comme la loge donnait directement sur la scène par un petit couloir que j’empruntais rarement, je me suis retrouvé derrière le rideau de la scène prix pharmacie viagra. La représentation ne commençait pas avant deux heures. »
« Vous avez franchi le pas en montant sur scène ? »
« Oui, je me suis lancé, j’ai déclamé un texte que j’avais appris lorsque j’étais encore en primaire, bêtement la tirade du nez de Cyrano. Comme j’étais bourré, je devais forcément être un peu théâtral, je suis toujours un peu fatiguant quand j’ai trop bu. » Il se grattait l’arête du nez comme si avouer cet épisode le rendait tout à coup un peu honteux. Mais l’autre continua.
« Et que s’est-il passé alors ? »
« Jean Rochefort était assis au cinquième rang, je ne l’avais pas vu et il est monté sur scène à côté de moi. Sur le coup, je ne l’avais pas reconnu, mais la moustache ne trompe pas, et cet air si majestueux. Il continué le texte après que je me sois interrompu et nous avons joué une partie de Cyrano sur la scène du théâtre pendant dix bonnes minutes. »
« Une rencontre improbable en somme… »
« Voilà. Complètement improbable. »

n° 17 Improbable

improbable

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

You see what I mean – Carrosserie

Oui, oui, c’est vrai c’est jamais bien grave, c’est comme quand on dit que c’est mieux sur le papier, n’empêche que ça fait quand même chier quoi… C’est jamais grave de toute façon, rien n’est jamais grave, y’a deux mondes côte à côte, y’a le monde des trucs emmerdants et le monde des trucs graves et là c’est pas grave, c’est juste emmerdant. C’est pas grave, y’a pas mort d’homme. Ouais. C’est pas grave, c’est juste de la tôle.

n° 16 Carrosserie

Carrosserie

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

You see what I mean – Assombri

« Dis-moi, il est quelle heure ? » Elle tend la main vers son verre d’eau et en boit une grande rasade comme si elle n’avait pas bu depuis des heures.
« Je sais pas, il doit être… cinq heures…, je sais pas. » Il tourne la tête et regarde vers la fenêtre, mais son regard semble s’évanouir quelque part entre la vitre et le rideau.
« On fait quoi aujourd’hui ? »
« Je sais pas, rien sans doute. Pourquoi ? »
« J’ai envie de bouger… J’irais bien à Paris. On pourrait aller boire un café en terrasse. Regarde il fait beau, et après on pourrait aller faire un tour sur les quais. Tu sais y’a ce type qui joue de la trompette vers Saint-Louis. » Ses yeux s’étaient un peu illuminés, malgré la fatigue qui s’accrochaient encore à ses cils comme des traces de maquillage.
« Oui mais regarde, le ciel, on dirait que ça s’est un peu assombri, il va bientôt faire nuit. »
« Chéri… On est le matin… »
Il se tourne vers elle avec un sourcil levé et l’air passablement blasé. « Ah bon, tu es sure de ça ? »
« Oui. On n’a pas dormi tant que ça. »

n° 15 Assombri

Assombri

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

You see what I mean – Le lit

« Une petite idée du temps que ça va prendre ? »
« Non pas vraiment, je dirais… Je sais pas, une bonne demi-heure » Il avait dit ça en se grattant le nez, traduisant un léger malaise face à la situation pour le moins embarrassante. « Il faut dire que j’ai pas vraiment l’habitude de ce genre de cas. Généralement, les gens qu’on déménage sont vivants.  »
« Je comprends bien, mais je ne vois pas en quoi ça vous gêne, c’est un déménagement normal.  »
« Vous vous foutez de ma gueule ou quoi ? » Son visage prit tout d’un coup une teinte violacée, faisant ressortir les petites veines éclatées sur ses joues, traçant des motifs identiques aux ramifications de racines dans le sol. « Regardez-moi cette merde ! Ça vous plairait vous de devoir soulever un matelas imbibé d’on ne sait même pas quoi ? Ça n’a pas de nom ce que vous me faites faire là, c’est tout simplement immonde.  »
« Oui bon OK, j’en conviens, c’est pas super agréable, mais faut bien le faire, on ne va pas laisser ça là ? Il faut bien tout vider avant que l’appartement devienne carrément invendable. »
« Oui, ben honnêtement, avec une odeur pareille, je ne sais pas qui voudrait approcher le quartier, c’est tout simplement horrible. »
« Je sais bien !!! » L’autre homme avec son front luisant et ses cheveux recouvrants obscènement la partie la plus dégarnie et suintante de son crâne commençait à en avoir marre. « Mais je fais quoi moi hein ? Je laisse tout comme ça, j’ouvre les fenêtres et j’attends que ça passe ? »
« Y’a de l’idée là-dedans » dit l’autre avec un sourire narquois. « Allez les gars, on se casse !!! Marre de cette puanteur. »
La chaleur ambiante ne faisait que renforcer l’impression étouffante liée à l’odeur, et les trois déménageurs enlevèrent le chiffon qu’ils avaient placé devant leur bouche et leur nez et le jetèrent chacun dans la pièce à tour de rôle avant de sortir en rang d’oignon. L’autre supposa qu’il n’y avait plus rien à dire.

n° 14 Le Lit

Le lit

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

You see what I mean – Le départ

This credulity, unfortunately extends to ghosts. A rational person fresh from his own house would have turned on his side and slept. I did not. So surely as I was given up as a bad carcass by the scores of things in the bed because the bulk of my blood was in my heart, so surely did I hear every stroke of a long game at billiards played in the echoing room behind the iron-barred door. My dominant fear was that the players might want a marker. It was an absurd fear; because creatures who could play in the dark would be above such superfluities. I only know that that was my terror; and it was real.
After a long long while, the game stopped, and the door banged, I slept because I was dead tired. Otherwise I should have preferred to have kept awake. Not for everything in Asia would I have dropped the door-bar and peered into the dark of the next room.
When the morning came, I considered that I had done well and wisely, and inquired for the means of departure.

Rudyard Kipling, My own true ghost story

n° 13 Le départ

le départ

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.