Esquisse et fragile tentation /ɛs.kis/

Il y avait une feuille blanche posée mon bureau.
Dans la main gauche, entre le pouce et l’index, je faisais tourner mon crayon à papier, lentement et parfois il tombait – sur la feuille blanche.
Puis je l’ai porté quelque fois à la bouche – le simple plaisir de sentir sa surface douce sur mes lèvres.
Et le crayon est tombé à nouveau – sur la feuille blanche.
Et encore une autre fois – sur la feuille blanche.
Puis une autre – sur la feuille blanche, posée sur mon bureau.
Et ainsi de suite, et encore, et encore et des dizaines de fois. – sur la feuille blanche.
J’ai baissé les yeux pour le ramasser – j’ai découvert que j’avais dessiné une constellation grise de points – vacillants et incertains – une tornade à peine esquissée – prise dans les filets du hasard et de la folie.
Un coup d’œil étonné – un rectangle blanc réfringent posé là – une œuvre subtile née du vide.
J’attendais plutôt un baiser…

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/So_Broken.mp3]

2 Replies to “Esquisse et fragile tentation /ɛs.kis/”

  1. “Aurais-je imaginé que je me trouv’rais là
    Une mine de stylo plantée sur ma peau ?
    Hanhan
    Les yeux de mon bourreau qui ne me quittent pas
    Ma blancheur lui fait peur, je sais qu’il cherche ses mots
    Hanhan

    Je suis une feuille blanche, je ne demandais rien
    Qu’à rester sur mon arbre et attendre la fin
    Moi j’aimais le vent se perdant dans mes feuilles
    Le murmure de la sève qui me donnait la vie
    Moi j’aimais la hauteur que j’avais sur les choses
    Je n’ai pas vu venir la lame qui m’a trahie”

    (aurais tu le titre de cette chanson de Bjork (me semble-t-il) ?)

  2. Alors ça… Si j’avais imaginé un jour que les commentaires étaient le prolongement de mes billets 🙂 ça me plait bien.
    La chanson s’appelle So Broken (sur Homogenic – import Japon uniquement), un beau flamenco à l’islandaise…

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