Le banc

J’étais coiffé n’importe comment, mais ce n’est pas grave.

Le vent ne soufflait pas beaucoup, là où j’étais assis. Je me suis posé sur un banc, n’importe lequel et je me suis pris la tête dans les mains. Il y avait du soleil, un soleil bas de fin d’après-midi.

J’étais habillé n’importe comment, avec mon tee-shirt troué et mon gilet blanc complètement déformé, mais ce n’est pas grave.

Et j’ai soudain eu sommeil alors je me suis allongé, un de ces envies qui prend par surprise et qui ne laisse aucune chance à la lutte. Le soleil caressait doucement ma peau. J’ai ouvert les yeux et je me suis retrouvé sous les branches de pruniers bourgeonnants, de fines goutelettes venant piquer suavement mon visage. J’ai aimé ça.

Je n’avais pas ma place ici, mais ce n’est pas grave.

Le sommeil m’a gagné, j’avais terriblement envie de sombrer, mais finalement, j’avais encore plus envie de profiter de cet instant de félicité, de sentir l’odeur frais sur mon visage et sur mes mains. Mon bras droit pendait et de ma main, je pouvais toucher le sable grossier.

J’avais mal au fesses, mais ce n’est pas grave.

Le vent passait sous mon tee-shirt et je sentais mon gilet pendre de chaque côté de mon corps. Le soleil était bon, l’air était bon. Au loin, les cris des enfants qui jouaient me tenaient éveillé et présent dans ce monde. Tout ici était bon. Le soleil frappait les murs blancs des immeubles et leur donnait une belle couleur, tandis qu’au loin, le ciel plombé d’un gris de taupe contrastait étrangement.

Le soleil a disparu, mais ce n’est pas grave. J’ai remonté la fermeture éclair de mon gilet, je me suis levé et je suis parti.

C’était bon. C’est le printemps.

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