Le bonheur, ça ne tient pas à grand-chose, et quand on met d’un côté de la balance ce qui nous rend heureux et de l’autre ce qui ne nous rend pas heureux ou nous rend malheureux, on se rend compte que le plateau le plus laid pèse plus lourd. Alors dans un souci de construire — quitte à ce que ce soit artificiel — des petites histoires pleines de bonheur, je pense qu’il me faut parler de tous ces petits moments que j’aime, que j’ai aimé et dont la teneur était si particulière que j’ai tenu à en noter quelques éléments dans mon carnet pour les restituer après.
Photo © Bahman Farzad
Je me suis extasié sur les multiples couleurs des Hostas, les albo marginata, les fortunei et surtout les Halcyon au feuillage glauque qui ont ma faveur à cause de cette couleur indéfinissable. Dans une autre vie, j’en ai cultivé plusieurs. L’avantage d’une collection de plante, c’est qu’elle est assez aisément reconstituable.
J’ai cueilli une immense feuille de marronnier, composée, grand comme une raquette de tennis.
J’ai bu un thé épicé, Alexandra David-Néel de chez Mariage.
Je me suis endormi en plein milieu de Koyaanisqatsi, mais c’est pas grave, c’est le genre de film qu’on peut laisser en plein milieu et reprendre sans avoir l’impression de ne pas pouvoir se remettre facilement dans le bain.
J’ai changé mes draps, retourné mon matelas.
Je lis Bouvier sous toutes les coutures, sa Chronique japonaise, le Japon de Nicolas Bouvier, Dans la vapeur blanche du soleil, je m’en donne à cœur joie et me dis que je pourrais parfaitement être l’homme d’un seul auteur…
J’ai mangé une part de tarte à la myrtille, un cupcake à la carotte, encore.
J’ai rêvé que je pouvais me promener à Shillong (शिलांग), la capitale du Meghalaya ou à Cherrapunji (चेरापूँजी), la ville la plus humide du monde, sans bouger du parc où je surveillais distraitement mon fils sur la balançoire.
Laissez-moi aller à Dunkerque ou au Crotoy, à Cabourg ou Saint-Malo, prendre un petit peu d’air… sur le bout de mes doigts et dans mes poumons.
Et je garde près de moi ces mots sublimes, de Bouvier évidemment, toujours dans sa Chronique japonaise.
J’aime beaucoup ces natures qui ne font pas de musique symphonique mais ne connaissent que quelques notes et les répètent inlassablement.
un des petits moments que j’aime, c’est lire tes billets où tu parles des petits moments que tu aimes 🙂
ce sont les détails qui comptent , tous ces petits instants de bonheur , ces petits plaisirs … comme de te lire (-:
ah ben hélène essaie de faire des smileys avec la tête à l’envers !
un peu à la manière des Japonais dont Bouvier dit (qu’ils) ne connaissent que quelques notes et les répètent inlassablement, il me prend de ressasser indéfiniment mes petits bonheurs ; sur la durée, ça arrive à peser presqu’autant que les trucs graves & désespérants
🙂 !!
Fabienne, si tu aimes ce que j’aime, alors tout est parfait 🙂
Hélène, toi, tu sais me flatter…
SoL, je pense qu’Hélène doit être gauchère…
SoL > je me demande si, pour les notes, Bouvier ne parlait pas simplement de la pluie, qui ne joue que quelques accords, toujours les mêmes, sur les toits, les feuilles des arbres…
oui, alors la pluie est un petit bonheur…
je vais relire, fabienne, mes chroniques japonaises, rare livre conservé pour relecture et sur lequel je me suis même permis qques anotations.
En fait cet extrait parle bien de la pluie, de cette dépression venue des Kouriles, mais c’était simplement dans une gare…
hihi
je suis la reine du contresens,
faites pas attention :
j’ai ça depuis mes premiers bulletins scolaires (élève étourdie, bon devoir mais hors-sujet, bon raisonnement mais résultat fantaisiste,…)
C’est toujours mieux que “touche le fond… mais creuse encore !”
mdr