Bukowski – Pulp

J’ai retrouvé en faisant un peu de rangement dans mes papiers, des citations tirées de Pulp, un livre un peu méconnu de Charles Bukowski. Une grande giffle pour les adorateurs de Freud…. Et un nouvel éclairage sur les dires du Président Schreber

Page 130: Vous racontez ce rêve à un Bobo-la-tête, et il vous l’interprète de la pire façon. Etant donné tout le fric que vous lui lâchez, il a intérêt à vous casser le moral. Selon lui, l’étron symbolise ce pénis qui vous effraie tant mais dont vous avez envie. Une connerie de ce genre. Alors qu’en vérité, ce qu’il vous cache, c’est que le pénis le terrifie et qu’il aimerait bien se le prendre dans le fion. Or ce n’est qu’un rêve, un rêve où un éléphant lâche un étron, et rien d’autre. Pourquoi vouloir trouver un sens à tout ? Le meilleur interprète du rêve, c’est le rêveur lui-même. Ne dépensez pas votre fric en pure perte. Jouez-le sur un bon cheval.

Page 111: Au-dessus de moi, il y avait un plafond, et au plafond, il y avait des fentes. De l’une d’entre elles, surgit un bison. Etais-ce moi, déjà réincarné ? Lui succède un serpent avec un lapereau entre ses crocs. S’insinuant à travers les déchirures du store, le soleil se plut à dessiner sur mon ventre nu une croix gammée. Mon trou de balle se mit à me démanger, comme si les hémorroïdes annonçaient leur retour. Ajoutez à cela que mes cervicales me faisaient un mal de chien et que de ma bouche s’échappaient des relents de lait caillé.

Après le tremblement de terre – Haruki Murakami

Six histoires, six destins liés entre eux par le fait que le tremblement de terre de Kobe de 1995 est passé sur la vie de ces six personnages. Un livre poignant sans être fataliste, une description minutieuse des séismes intérieurs…

Depuis la lecture de ce livre, je me suis plongé à corps perdu dans l’oeuvre de Murakami, auteur rare, d’une sensibilité à fleur de peau, il est de ces gens qui vous terrifient par leur vision du monde absolutiste. Dans ce livre, on découvre six histoires très personnelles dans un Japon en état de choc post-traumatique. Les ombres du passé ressurgissent et taraudent nos héros, ou plutôt doit-on dire nos anti-héros, car ces gens sont vous et moi, des gens du quotidien, notre voisin ou notre ami, tous ces gens qui gravitent autour de nous et recèlent en eux une part d’ombre délicate et violente. Un charme et une pudeur toute japonaise se dégagent de ces quelques pages précieuses.

– Elle dit qu’il y a une pierre au fond de votre corps. Un pierre blanche et dure. De la taille d’un poing d’enfant. Elle ne sait pas d’où elle vient.
– Une pierre ? répéta Satsuki.
– Il y a des caractères inscrits dessus, mais comme c’est en Japonais, elle ne peut pas les déchiffrer. Il y a quelque chose d’écrit en noir, à l’encre de Chine, en tout petits caractères. C’est une pierre assez ancienne, vous avez dû vivre de longues années en la portant en vous. Il faut que vous jetiez cette pierre quelque part. Sinon, quand vous serez morte et qu’on vous aura incinérée, la pierre demeurera.

Lieu de lecture de ce livre: Parc Monceau, Paris.

Après le tremblement de terre

Haruki Murakami

To address somebody as "tu"

Chacun des livres que j’ai lu s’associent d’eux-mêmes avec des ambiances, des moments plus ou moins agréables de ma vie et retrouver ces titres dans ma bibliothèque me replonge à chaque fois dans ces souvenirs. Mes vacances à Cabourg chez mes grands-parents sont indissociablement liées à trois auteurs, trois livres, trois personnalités que je me suis amusé à tutoyer et qui désormais font partie de ma vie….

  • Le style contre les idées de Louis-Ferdinand Céline, un brulot magnifique contre les intellectuels de son temps et l’ordre établi… Céline y explique pourquoi c’est son style qui prévaut dans son écriture, pourquoi il ne s’embarrasse pas de grandes idées conçues autour de la littérature, dans un élan vif et fiévreux, et égratigne au passage son grand ennemi, l’agité du bocal (petite merde accrochée aux poils de mon cul).
  • Les contes de la folie ordinaire de Charles Hank Bukowski. Le livre qui m’a fait connaître l’univers de celui qui est pour moi un des plus grands écrivains américains. La nouvelle La machine à baiser a été un révélateur dans cette littérature, et m’a naturellement conduit vers Calaferte, Henry Miller, John Fante et bien d’autres.
  • Le grand sommeil (1939) de Raymond Chandler. Etrangement, j’ai vu le film avec Lauren Bacall et Humphrey Bogart après avoir lu le livre et je dois avouer que j’ai préféré le livre. Je n’avais lu de polar avant celui-ci et après celui-ci, ce fut au tour de Dashiell Hammet et son faucon maltais. Je dois avouer que par la suite, j’ai eu beaucoup de mal à me replonger dans un polar. J’aurais mieux fait de ne jamais le lire…

Les ombres de la nuit – David Hamilton

david hamilton

Lorsque j’étais enfant, j’ai été baigné par les photos de Sarah Moon, les gravures de Sarah Kay et d’Arthur Rackham, mais aussi par les photos de David Hamilton. Dernièrement, j’ai compulsé un livre de ses oeuvres, dans l’espoir de me replonger dans ces ambiances faites de paysages de plages solitaires, nimbées de lumières filtrées, très désuètes, mais aussi de corps dénudés et lascifs, de natures mortes pour maisons de campagne.

Et puis, en feuilletant ce livre, j’ai fini par être passablement étonné par les photos de jeunes filles (ou de jeunes garçons) aux corps lisses. Au final, je trouve le travail assez tendancieux. Certes, exalter la beauté du corps est un exercice périlleux, a fortiori lorsque c’est fait avec des adolescents.

Je suis troublé… et du coup, je ne sais pas trop quoi en penser. J’ai l’impression que l’art a été supplanté par une vague tentative de transfiguration des corps et que tout ceci n’est qu’un alibi culturel pour masquer les déviances d’un esprit torturé.

La matière du livre

Il fut une époque pas si lointaine où mes livres avaient le caractère du sacré et j’avais l’habitude d’en prendre un soin tout particulier. Quelques règles élémentaires s’appliquaient alors au moindre livre de poche à bas coût comme au livre relié.

  1. Je ne prête pas mes livres.
  2. Une fois lus, je les range par ordre alphabétique.
  3. La poussière accumulée sur la tranche haute est le témoin de l’intérêt que je lui porte.
  4. Je ne plie pas les pages, seuls les marque-pages sont tolérés.
  5. Un bristol y est inséré pour noter les numéros de pages, numéros de paragraphes et de lignes des phrases qui ont retenu mon attention.
  6. Je n’écris pas sur un livre.

Bref, tout ceci fait partie d’un temps révolu. Je lis bien plus de livres de poches qu’autre chose. Le format du livre ne m’importe plus guère et ce que, par snobisme idiot, je lisais autrrefois dans un format régulier, je n’hésite pas aujourd’hui à me le procurer au format de poche, pour une question pratique. Faible encombrement, transportabilité, discrétion…. Ces grands livres à l’écriture démesurée m’énervent, et je n’ai plus envie d’appliquer ce respect au livre d’éditeur, avec couverture fine en carton qui devient trop cher pour ce qu’il est. Aujourd’hui, un livre est pour moi un instrument de savoir, le coeur ouvert d’un écrivain, et le papier n’est qu’un médium, certes charnel et organique, mais seulement un médium. Mes livres de poche, j’aime les triturer, témoigner de mon passage sur des pages qui vivent et renvoit l’image des mots, je n’hésite pas non plus à corner les pages pour marquer les endroits dignes du plus haut intérêt, à souligner au crayon à papier les jolis mots et à indiquer sur la page de garde, le numéro des pages marquées.

J’ai désormais un rapport vivant au livre, quelque chose qui ne l’enferme pas dans sa stricte fonction. Il n’y a plus guère que mes quelques livres de la Pléiade qui ont le droit à une attention excessive….

bibliothèque

Ma bibliothèque et autres fantaisies

Nous avons tous nos lieux préférés. Déclinaisons de nos plaisirs personnels, ce sont des lieux dans lesquels on se sent forcément bien, chatoyants et confortables. En ce qui me concerne, j’ai une bibliothèque préférée, celle d’Ermont, et j’avoue presque avec honte que cela faisait quelques mois que je n’y avais pas mis les pieds…

blibliothèque

blibliothèque

Alors je me suis laissé tenter par quelques livres légers, de quoi passer de bons moments, le soir avant le coucher.

Voici le glaçon intelligent ! De forme oblongue, on le jette dans le verre et il permet de rafraîchir la boisson sur toute la hauteur, ce que ne permet pas un glaçon normal. Merci qui ? Ikea !

glaçon

Hier soir, la bonne surprise (oui, je ne regarde jamais le programme, trop peur de dire Pfff, navrant !), c’était Arsenic et Vieilles Dentelles, avec un Cary Grant au sommet de sa forme.

Arsenic et Vieilles Dentelles

Arsenic et Vieilles Dentelles, Cary Grant

Je ne sais pas pourquoi, mais en ce moment, je regarde beaucoup les murs…

mur

mur

Le livre des morts

Depuis longtemps, je voulais écrire un billet sur un sujet pas très gai. En fait, lorsque j’ai vu le film d’Amenabar, les Autres (film que j’ai trouvé par ailleurs passablement mauvais, à part une image de très bonne qualité), j’ai été interpelé par ce album de photos que Nicole Kidman trouve dans un vieux carton. Les photos représentent des gens assis, les yeux fermés, dans leurs plus beaux habits, et la servante lui explique que c’est le livre des morts, ce sont des photos prises pour immortaliser les morts avant la mise en bière et que c’est une coutûme dans les grandes maisons.

Comme je le disais à Fabienne, je n’avais jamais entendu parler de cela auparavant et elle en a déduit que c’était peut-être une coutûme anglo-saxonne. Nous n’avons rien trouvé sur Internet à ce sujet, mais en cherchant un peu, j’ai trouvé quelques petites choses pas très gaies du tout. Âmes sensibles s’abstenir… Ce n’est vraiment pas joli. D’ailleurs, si quelqu’un sait quelque chose à ce propos, j’aimerais vraiment en savoir un peu plus.

Particules élémentaires

Je suis certain que vous n’avez pas pu passer à côté d’un non-événement ; la sortie du nouveau livre de Patrick Poivre d’Arvor, dans lequel il révèle l’existence d’un secret de polichinelle qui a l’air d’étonner tout le monde (le fait qu’il soit le père du fils de Claire Chazal). Etonnamment, rien n’est dit sur le véritable nom du bonhomme. Il prétend toujours s’appeler Patrick Poivre d’Arvor alors qu’il s’appelle en réalité Patrick Poivre. La particule a été rajoutée. D’Arvor n’a jamais été un nom de famille breton mais ni plus ni moins que le nom du littoral en Basse-Bretagne du nord, Ar Vor n’est n’est que la mutation de mor (la mer, la marée).

Je sais, c’est aussi un non-événement.

La rentrée des blogs

Le mois de septembre, c’est la rentrée des hommes politiques, des écoliers et des livres, mais c’est apparemment aussi la rentrée des blogs.

Morceaux choisis (y’a pas que de la nouveauté)…

Tout d’abord, le retour de mon ami Borgo qui, malgré un suspense insoutenable quant à un éventuel retour sous avec Dotclear, a finalement opté pour WordPress. C’est tout frais tout neuf, c’est Borgo is alive. Welcome back !!

Il y a aussi le grand ST qui revient sous le nom de Désiré Beladonne avec un très bel audioblog. C’est toujours Ma Parole ! et c’est toujours très bon…

Dans la clique des petits nouveaux, voici quelqu’un que je tiens absolument à vous faire connaître. Il s’appelle Got, je l’ai recontré au ParisCarnet de juin 2005 en compagnie de sa chère et tendre couleur de figue et il a finit par céder à la pression populaire en ouvrant son propre blog: Les petites cases, turbiné sous Lodel (on se demande bien pourquoi). J’allais oublier, Manue et Got sont des personnes que je n’ai vues qu’une seule fois, mais j’avoue que ce sont vraiment des personnes que j’ai envie de revoir.

Message personnel à l’attention de Got: Enfin, t’arrêteras de squatter le blog de Manue et puis mon thème est très beau et je te dis bien des choses 😉 Ah encore une chose, faudrait peut-être songer à inclure les trackbacks dans Lodel, ça fait désordre.

OOPS, j’allais oublier. Lisez ceci.

Shûsaku ENDÔ, le poids du pardon

Une femme nommée Shizu

Au coeur d’un Japon ravagé par ses traditions, un homme, un écrivain né en 1923 se fait baptiser Paul par sa mère, une femme très catholique. Comment concilier modernité et tradition, surtout lorsqu’on est catholique au Pays du Soleil Levant ? Comment accepter certaines choses qui vont contre nos convictions ? C’est dans ce livre que ENDÔ Shûsaku livre ses tourments. Trois nouvelles poignantes.

Les ombres

Une lettre écrite à une prêtre, un homme perdu de vue pendant des années…. des rancoeurs à peine masquées et énoncées froidement. Mais il y a le Pardon, et le pardon est difficile à distribuer, surtout lorsque celui qui a tant fait de mal est un prêtre défroqué, dont le comportement a toujours été suspect à l’endroit de sa propre mère.

Je me souviens encore de mon chagrin. Un jour que j’avais désobéi, je constatai la disparition de mon animal bien-aimé en rentrant de l’école. Maman avait demandé à un gamin du quartier de l’emmener quelque part. Vous avez probablement oublié cet incident. Pour vous, le chien était un obstacle qui me détournait de mes études et le fait de s’en débarasser était pour mon bien. Aujourd’hui, je ne vous hais évidemment pas pour cela. Mais si j’évoque ces anecdotes insignifiantes, c’est parce qu’elles résument bien votre personnalité.

Le retour

L’abandon, le mort, la vie n’est-elle donc faite que de cela ?

Quelle différence avec les os de mon frère, sortant du crématorium, propres et d’une blanc laiteux! Ce squelette pitoyable était-il tout ce qui restait de la foi de ma mère ? (…) Avec les baguettes, je mis les os dans l’urne et ils tombèrent au fond avec un bruit sourd.

Le dernier souper

Comment vivre avec sur la conscience le pire tabou qui soit ? Comment ne pas se laisser ronger par l’alcool et vouloir mourir, vouloir se laisser pourrir comme pour expier les pires fautes involontaires ? Rencontrer celui qui a commis le même péché…

Je me souviens encore parfaitement de ce jour là. Au-dehors, une pluie fine tombait avec un bruit de sable, la teinte des arbres était plus noire que verte et Tsukada me confiait bribe après bribe son secret en pleurant. (…)

Shûsaku ENDÔ