Depuis que je suis arrivé dans cet appartement il y a maintenant six mois je regarde tous les soirs vers le sud à peu près à vingt kilomètres au sud, au-delà de la colline de Sannois derrière la frange des arbres, depuis ce tout premier soir dans la chaleur approximative de septembre debout sur mon balcon à regarder au loin et c’est à partir de ce moment précis où j’ai eu l’impression d’avoir été flashé par le faisceau d’un phare — un phare ici à un minimum de deux cents cinquante kilomètres de la première étendue océanique et du premier grain de sable iodé — et quinze secondes plus tard — une réminiscence, deux éclats blancs toutes les dix secondes — le même faisceau, j’ai réussi à l’isoler dans mon champs visuel, une lumière vive qui au cœur de la nuit illuminait les murs et les vitres derrière moi ; je me suis rendu compte que j’étais face à la plus belle tour du monde qui répandait sa lumière jusque chez moi ; le soir lorsque je pose la tête sur mon oreiller et que je regarde par la fenêtre dont je n’ai pas complètement fermé le store pour me permettre de profiter de cette candide lueur, seulement trois fois de suite, je finis par fermer les yeux et m’endormir immédiatement dans le calme de l’obscurité étincelante…