Parce qu’ils sont rares, qu’on les voit peu et qu’on les entend encore moins souvent et parce qu’il n’y a rien de pire pour un mot que de ne pas être employé, voici une petite collection de mots rencontrés au fil des lectures, mots que je ne connaissais pas ou que j’ai rencontrés de manière tellement rare que j’en oublie le sens. A faire évoluer, grossir, à épancher comme de l’engrais dans une prairie.
Le jaune des peupliers, le vent dans les arbres
Parce que les envies de mon enfant sont comme les appels de la nature, pressants et impossibles à contrarier, je l’ai emmené au parc, mon Phaidon ACM en édition de poche pour me plonger dans les beautés de l’Europe du Nord, en surveillant le zouzou qui m’a étonné en se balançant tout seul sur le portique, un coup en avant, un coup en arrière, avec ses petites jambes opérant un mouvement de balancier qui m’endormait doucement, et je me serais volontiers laissé bercer un peu plus si je n’avais dû subir les ronrons des souffleurs de feuilles.
Kenya m’a rapporté trois feuilles jaunes et encore épaisses de sève de peupliers avant qu’elles ne soient emportées par ce vent fou et bruyant et il m’a demandé de les mettre dans mon livre pour en faire des marque-page. Alors je les ai séchées et coincées dans mon livre.
Et puis je me suis demandé si j’allais penser à raconter mes vacances. Pas plus longtemps qu’un battement de cil, pas plus longtemps que le vol langoureux et discret d’un papillon, je me suis posé cette question ridicule en ne cherchant pas de réponse, la laissant retomber comme une feuille tancée par la tempête.
Nicolas Bouvier disait qu’on ne ne connait le monde que si l’on n’a vu les hommes. Et dire que j’étais parti sans me soucier de savoir que pour tout préambule, le monde commence en bas de chez moi.
Michel Rajkovic
Michel Rajkovic fait partie de ces photographes à côté desquels je ne peux me permettre de passer. Spécialiste du noir et blanc et des pauses longues, il exerce sur ses sujets un cadrage impeccable en dégageant une ambiance surréelle. Que ce soit dans ses paysages marins, ses couleurs ou ses paysages industriels, dans ses photos d’architecture, on reconnait un style serré et implacable. Un manufacturier d’ambiance comme je les aime.
Toyo Ito, l'inventeur
Toyo Ito n’est pas n’importe quel architecte japonais, c’est le créateur de la Médiathèque de Sendai, un monument que j’ai découvert grâce à l’exposition Le mouvement des images. L’idée de Toyo Ito est de détruire complètement les conventions architecturales*, ce qui contraste clairement avec la forme simple du bâtiment, car ici tout change à l’intérieur.
La médiathèque est composée de trois éléments distincts. Des plateaux de 2500m² sont espacés à des hauteurs différentes pour s’adapter à d’éventuelles évolutions futures, des colonnes de taille différentes et au plan aléatoire destinées à faire circuler les énergies (eau, électricité, air, etc.) sont disposées de manière anarchique sur l’espace, et la peau, faite d’aluminium et de verre sert à apporter la lumière ou à la réfléchir, manipulant la transparence et les aspects en fonction des moments de la journée.
Il suffit de voir le bâtiment en coupe sur maquette pour comprendre le génie de la structure.
Photo © Médiathèque de Sendai
Les autres oeuvres marquantes de Toyo Ito sont la Tour des Vents de Yokohama, dont la vocation est purement industrielle, la Salle de spectacles de Matsumoto, un bâtiment caractérisé par la circulation de la lumière et des espaces, et l’exceptionnelle maison White U de Tokyo sur laquelle il faudra que je revienne.
Liens:
- Vue d’ensemble de son oeuvre
- Toyo Ito, la quête de fluidité
* Oui, je sais, c’est une obsession.
Meta brindilles XI Ultimate
Pourquoi Ultimate ? Parce que ce sera le dernier.
Il ne faut pas aller chercher plus loin. Je vous l’emballe ou c’est pour manger tout de suite ?
Vecteezy
Alexandre Boucher – Levitation
100per
Lightable
Brusheezy
Kanner
CERN’s Large Hadron Collider
KOS
Serra at Moma
Bruno Bisang
Brendan Austin
Deko
Console Portraits: A 40-Year Pictorial History of Gaming
Yakov Chernikhov
Fecal NYC
Organic Grid
One Jackson Square
L’ondulation architecturale à l’état pur.
Trellick Tower in London
Trellick Tower in London by Ernö Goldfinger, 1972.
Thé et architecture
SoL ose un rapprochement discret et audacieux entre thé et architecture. Bien vu, fallait y penser.
Lit magnétique
Il y a quelque chose de fantasmatique dans ce lit, quelque chose de l’ordre du rêve. A présent, il existe réellement. Le lit magnétique flotte littéralement dans l’air. Au delà du rêve, il y a la réalité qui elle nous ramène par terre puisqu’il faudra tout de même débourser quelques 115,000 euros pour acquérir ce lit superbe, sous lequel, disons-le franchement, on peut passer l’aspirateur sans avoir à se contorsionner (à ce prix-là, il ne manquerait plus que ça).
- Fluttua de Lago.
- Universe Architecture, Janjaap Ruijssenaars.
- Via Fun Forever.
Ce qui n’est pas dit dans l’histoire, c’est les éventuels effets néfastes que peut avoir un champs magnétique aussi intense (le lit supporte 900 kilos) sur la santé.
Bilan de deux mois d'une certaine inactivité
Je trouve ça effrayant. Voici presque deux mois que je n’ai pas ouvert un journal autre qu’un programme de télévision. Deux mois que je n’ai pas regardé le journal télévisé. Deux mois que je n’écoute pas les informations à la radio, que je ne consulte pas les informations sur Internet et que je ne regarde même pas les gros titres des journaux dans les kiosques et même les journaux d’information gratuits distribués dans le métro. Deux mois que je suis à la ramasse totale en ce qui concerne le monde, l’Europe, la France, je suis complètement largué ; j’entends bien parler de choses et d’autres par mes collègues de travail.
De temps en temps Fabienne me glisse une info importante, du genre les affrontements de Gare du Nord (c’est sur ma ligne de train et c’est depuis Genève que j’apprends l’événement) ou alors un massacre dans une école américaine.
Ce n’est pas que je m’en fous, c’est juste que ça ne m’intéresse pas. J’ai vécu toute une période complètement engoncé dans l’information à en avoir des nausées, à décortiquer les canards, à zapper entre les chaînes d’info, à n’écouter que France Info dans ma voiture et aujourd’hui, plus rien.
Croyez-le ou non, ça ne me manque pas et ça fait un bien fou, comme si je m’étais écarté du monde pendant quelques temps, je m’en trouve comme lavé des impuretés du monde, rendu vierge de tous les éléments extérieurs. L’effet sur le moral est saisissant, j’ai comme l’impression d’être entre parenthèses dans ce monde. Et pour le coup, je n’ai aucune envie d’y retourner.
Pour le coup, je me demande quel monstre social je suis devenu. Parfois on me dit “Ohhlalalala (*5), tu as entendu cette histoire ???” et je calme le jeu en disant NON d’emblée, alors on me regarde comme si j’étais atteint d’une forme rare du virus de Marbourg.
Pourtant, je lis énormément, sur tous supports, je regarde parfois d’un oeil distrait la télévision (ce n’est pas pour autant que je l’écoute), j’aime éplucher les pages grand format de CB News, j’agrège plus de 270 fils de news dans mon lecteur RSS dont plus de la moitié est consacrée au design, à l’architecture, aux tendances, au marketing, à la photo, aux voyages, mais rien sur l’actualité. Parfois j’attrape quelques bribes sur tel ou tel blog, mais je saute, “mark all read”, je zappe, je rends les armes. Pas de temps ni de place dans ma vie pour ces choses.
Mais promis, le soir du 22 avril, à 20h00, je serai planté devant ma télé avec un bol de cacahuètes. J’adore lancer des saletés aux singes…*
PS: Message personnel à l’espèce de trou du cul de chauffeur de taxi (vous aurez remarqué le non-emploi particulièrement bien adapté de l’oxymoron dont l’exact opposé s’appelle un pléonasme) qui :
- S’est mis sur la file de droite pour tourner à gauche au feu sur le pont d’Asnières.
- S’est permis de gueuler parce que j’empruntais la voie la plus à droite et que par conséquent je lui bloquais le passage (il a très certainement dû oublier comme 96% des Français qu’on roule TOUJOURS !!! Bordel !! sur la file la plus à droite).
- S’est amusé à me faire une queue de poisson puis s’est pris pour Starsky et Hutchinson (sauf qu’il roulait dans une grosse Mercos baveuse et rutilante) en se mettant en travers de ma route, certainement dans l’espoir que je m’arrêtasse (emploi parfaitement maîtrisé du subjonctif imparfait) pour me laisser défoncer la gueule à coup de cric.
- A eu l’air passablement étonné, voire apeuré lorsque j’ai accéléré pour passer la quatrième et le contourner à peine à quelques centimètres d’un coup de volant savamment maîtrisé (la pratique, jeune padawan, la pratique !).
- M’a gentiment gratifié d’un appel de phare que je garde planté dans mon coeur telle une épine de Rosa Rugosa, marquant pour l’éternité mon esprit mortifié.
Sache donc, gentil connard, que, malgré le fait que mon coeur a quelques instants battu très fort, j’ai pris un pied fou à te foutre une trouille qui, je le souhaite de toute mon âme, te servira de leçon.
En espérant également que tu aies tâché ton siège…
Sur ces entrefaites, je tire ma révérence, le temps d’une nuit.
* http://www.mangerbouger.fr/