Il y avait un peu de monde dans les rues. Je n’ai plus rien écouté, je me suis fermé comme une huître et les autres parlaient – parlaient sans arrêt – rien ne passait – on a dû me parler d’un anniversaire, mais je n’ai pas écouté, je n’aime pas écouter les sinistres conversations qui s’épuisent dans les ténèbres – les mots qui ne s’inscrivent nulle part – qui flottent dans l’Ukiyo-e pour finalement ne jamais redescendre. Il faisait très chaud, certainement, je crois me souvenir, mais surtout il faisait nuit. A Paris – une rue perpendiculaire à la Seine et qui part de l’île Saint-Louis – des boutiques luxueuses mais éteintes à l’intérieur desquelles on a parfois l’impression de voir des ombres flottantes – signes de vies imaginaires où l’on voit tout en noir et blanc – résidus d’activités de journées bruyantes lorsque les vêtements collent sur la peau comme – comme je ne sais pas – des gens dont on aimerait bien partager la vie ne serait-ce que quelques instants – ou toute une vie…
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Café de l’Atelier, rue d’Orsel
J’étais assis à la terrasse d’un café. Il faisait vraiment très chaud – dans cette nuit parisienne et bruyante – des fanatiques quelconques devaient crier pour je ne sais quelle raison – je m’en fous – et… le temps s’étire comme dans ces moments où l’on est plongé dans un livre – tout à coup – plus rien n’existe autour et on est plongé dans une dimension sans dimension – le temps de l’horloge s’arrête et un autre prend sa place…
Théâtre de l’Atelier, rue d’Orsel
Je me sens bien – j’ai mal – je ne sais pas – où est-elle ? Qui… Combien de temps ? Impossible à dire – des années et des lumières – un poème en forme de grâce – les yeux grands fermés – des mots qui s’entrechoquent – je suis saoul ? Non pas encore – attends encore un peu – il faut que je bouge… Comment ça ? Oui il faut que je me remue, je ne peux pas rester là comme ça sans bouger mes jambes commencent à fourmiller mon corps s’emballe j’ai chaud je suis excité je bouge dans tous les sens je me sens agité et perclus de micro-douleurs enfantines bègues stridentes et surannées pour me soigner je pense à autre chose bon Dieu je suis excité c’est quoi comment ça tu ne le sais pas ? Si bien sur je sais ce que c’est… Grand impatient va ! – oui – et alors – je ne suis pas là – je ne suis plus là… tu ne m’as pas appelé – je ne t’ai pas entendu – tu ne m’as pas attendu – ta voix !! Où es-tu…
Tu as filé.
Et je suis là… un peu triste… mauvaise journée – non, c’est pas ça – mais c’est un tout – l’impression que rien ne changera – je ne sais pas – je suis fatigué là et je n’ai pas envie de penser.
Il y avait un peu de monde dans les rues. Il faisait vraiment chaud. J’étais assis à la terrasse d’un café.