Tandis que la train tarde à arriver, je suis déjà drapé par mon univers, rien ne compte plus, même celle-ci qui monte dans le train en remontant sa braguette… Les troupes affluent, ça se bouscule, apparemment, il y a des retards dans le trafic, mais rien ne compte… Je suis chez Jack, les yeux plongés dans ses New-York Scenes en écoutant les rythmes indiens de John Mayall et le train avance, s’arrête, absorbe son flot de passagers au travers des gares, les corps se chevauchent, s’entrechoquent, se bousculent et ça me fait bien sourire, j’ai le rythme, ça claque dans mon livre et dans mes oreilles… Je m’en fous, j’ai trouvé une place assise dans un coin, sans voisin, je suis presque tout seul dans la foule… Rien ne me touche, juste cette fille qui emporte mon marque-page tandis qu’elle essaie de s’agripper à la rambarde… et je me retrouve à nouveau dans le métro, je suis quelqu’un qui monte dans une rame pas trop bondée, et je me retrouve face à une dame au nez pointu qui semble en extase devant un ange, un ange – hall of night – à la peau blanche et au regard candide au travers de ses grands yeux verts qu’on croirait sortis d’une bande dessinée japonaise… comme si elle était perdue, elle regarde partout autour d’elle, ange tombé là par hasard… la lumière du soleil dans l’axe de la rue…