Le jaune des peupliers, le vent dans les arbres

Parce que les envies de mon enfant sont comme les appels de la nature, pressants et impossibles à contrarier, je l’ai emmené au parc, mon Phaidon ACM en édition de poche pour me plonger dans les beautés de l’Europe du Nord, en surveillant le zouzou qui m’a étonné en se balançant tout seul sur le portique, un coup en avant, un coup en arrière, avec ses petites jambes opérant un mouvement de balancier qui m’endormait doucement, et je me serais volontiers laissé bercer un peu plus si je n’avais dû subir les ronrons des souffleurs de feuilles.
Kenya m’a rapporté trois feuilles jaunes et encore épaisses de sève de peupliers avant qu’elles ne soient emportées par ce vent fou et bruyant et il m’a demandé de les mettre dans mon livre pour en faire des marque-page. Alors je les ai séchées et coincées dans mon livre.
Et puis je me suis demandé si j’allais penser à raconter mes vacances. Pas plus longtemps qu’un battement de cil, pas plus longtemps que le vol langoureux et discret d’un papillon, je me suis posé cette question ridicule en ne cherchant pas de réponse, la laissant retomber comme une feuille tancée par la tempête.
Nicolas Bouvier disait qu’on ne ne connait le monde que si l’on n’a vu les hommes. Et dire que j’étais parti sans me soucier de savoir que pour tout préambule, le monde commence en bas de chez moi.

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