Requiem

Requiem - Antonio Tabucchi En 1992, Antonio Tabucchi a écrit un livre d’une rare beauté. Ecrivain italien, il est également spécialiste de littérature portugaise et traducteur de Fernando Pessoa, mais ce livre écrit en 1992, Requiem, n’est pas écrit dans sa langue natale mais en portugais. Comme Beckett ou Ionesco, Tabucchi est passé par cet exercice de déterritorialisation de la langue en insufflant dans son texte une matière externe pour créer ce qu’il appelle une affection particulière. Malheureusement, comme il le dit lui-même dans sa préface, ses restes de latin n’étaient pas suffisamment bon pour qu’il puisse écrire son Requiem dans la langue dans laquelle on en écrit un d’ordinaire. Ce texte raconte une journée, un rêve dans le Portugal d’aujourd’hui, une ville où se croisent des personnages improbables sous une chaleur de plomb, dans des décors sobres et vidés de leur cohue.

Le personnage dit qu’il est en train de rêver et il rencontre alors des personnages de sa vie, des inconnus hauts en couleurs, des gens drôles et sympathiques, comme dans le plus doux des rêves. Sur un pari au billard, la boule fait une figure improbable et un des personnages centraux apparaît, mais il ne fait qu’une apparition dont on ne saura rien. Ce texte qui pourrait paraître étrange est écrit dans une langue claire et fluide et le rêve arrive à nous transporter jusqu’à cette rencontre avec un personnage sorti d’un autre temps, un type qui n’est autre que Pessoa lui-même. J’ai acheté ce livre il y a dix ans, et lorsque je suis retombé dessus, je l’ai dévoré, comme s’il avait eu besoin de mürir sur son étagère avant d’être consommé. Une belle découverte, une belle rencontre, un moment doux et chaud, comme un rêve sous un arbre, duquel on se réveille avec la lune pour compagne….

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