Détours sur les murs

131 - Poilue de Paimpol

A chaque jour, à chaque pas, à chaque instants son lot de surprises. Jamais je ne sillonne les rues d’une ville sans regarder ce qui se passe dans les rues, sur les murs, sur les trottoirs et dans les caniveaux, en hauteur, partout. Parfois, c’est une statue de la vierge juchée dans une niche dorée, éclairée lorsque la nuit tombe, tantôt c’est un maillon de chaîne qui traine sur le quai, une gargouille sur la cathédrale représentant un moine forniquant avec une nonne, tantôt une ruelle dont les murs distants d’à peine un mètre sont recouverts d’affichettes… Tantôt c’est un autocollant incongru appliqué sur une gouttière ou sur le pied d’un panneau. Regarder, voilà le maître mot, savoir déchiffrer les mystères intrinsèques d’une ville, se perdre et en savourer les odeurs tandis que les autres tentent de parcourir toute la ville en un minimum de temps.

J’étais heureux que cette équipée admirable nous ait marqués. C’était comme une encoche sur un couteau d’assassin. Si on ne laisse pas au voyage le droit de nous détruire un peu, autant rester chez soi.

Nicolas Bouvier, Les chemins du Halla-San
in Journal d’Aran et autres lieux
.
Sogwipo, juin 1970.

Carnets de l’Océan 2 – version images

132 - Paimpol

Seconde partie de mes carnets de l’Océan – avec une majuscule, certains mots ne souffrent pas les petites choses. La première partie s’arrêtait en plein coeur de La Rochelle – et non pas de Nantes.
Seconde fois que je remontais la côté dans ce sens, en passant par les marais de Marans, le Poitevin, de vieux souvenirs douloureux, la pays Nantais et ses vignes, la route à l’ancienne dans un air iodée, une grande ville de bord de mer dans laquelle il n’est pas facile de trouver un restaurant ouvert, même un bar, et ne parlons pas de l’hôtel.
La Rochelle, Nantes et Vannes, parcours presque logique.
En passant par Pontivy et le coeur du pays des Rohan (les nobles, rien à voir avec le Seigneur des Anneaux), puis Corlay et sa route tellement sinueuse et revêche que mon fils a vomi son sandwich sur ses genoux.
Suite et fin de ces carnets.
Pour la version papier, il faudra attendre la fin de la rédaction.
Comme pour l’autre, en musique, de circonstance. Continue reading “Carnets de l’Océan 2 – version images”

On the road

Ça fait très road movie à l’américaine, sauf que ça se passe entre Nantes et Pontivy.
Tout de suite, ça fait moins rêver.

080 - De Nantes à Vannes089 - De Vannes à Pontivy090 - De Vannes à Pontivy091 - Mûr de Bretagne

Todd Hido

Todd Hido fait partie de ces gens que la fioriture embarrasse, que le détail ennuie profondément et que les histoires ne passionnent pas.
Repéré il y a quelques temps chez VVork, je me suis décidé à en savoir plus sur cet homme qui traîte des sujets aussi déroutants que divers et pour qui la question du design de son site n’a pas l’air cruciale.
Né dans l’Ohio en 1968, il est diplomé depuis 1991 de la School of the Museum of Fine Arts de Houston et depuis 1996 du California College of Arts. Consacré par l’exposition de ses photographies au Guggenheim, il est un digne successeur de Stephen Shore, avec ceci en plus que ces sujets se tiennent malgré leur diversité.
Femmes déprimées dans des chambres glauques, racontant peut-être des histoires sordides de prostituées dans des motels miteux, intérieurs vides et sans vie, extérieurs de nuit dans les banlieues pauvres d’une Californie mal connue, maisons habitées uniquement éclairées de l’intérieur, paysages délavés et brumeux, Hido joue avec la lumière, les halos et les ambiances particulières liées aux caprices de la météo, des photos dans lesquelles le soleil ne joue jamais aucun rôle, acteur subalterne de la vie quotidienne.
Il joue avec notre côté obscur, se déplace dans la ville en n’ayant rien de particulier à nous dire, photographie les femmes en ne nous disant rien de leur histoire, laquelle ne peut même pas se lire dans leurs yeux vides et leur expression neutre.

todd_hido1.jpgtodd_hido2.jpgtodd_hido3.jpgtodd_hido4.jpgtodd_hido5.jpgtodd_hido6.jpg

Post-modernisme et histoire

Drugs

Day off #1 + Day off #2 + Day off #3 + Day off #4

Nous ne connaissons qu’une seule science, celle de l’histoire. L’histoire peut être examinée sous deux aspects. On peut la scinder en histoire de la nature et histoire des hommes. Les deux aspects cependant ne sont pas séparables ; aussi longtemps qu’existent des hommes, leur histoire et celle de la nature se conditionnent réciproquement. L’histoire de la nature, ce qu’on désigne par science de la nature, ne nous intéresse pas ici ; par contre, il nous faudra nous occuper en détail de l’histoire des hommes : en effet, presque toute l’idéologie se réduit ou bien à une conception fausse de cette histoire, ou bien à en faire totalement abstraction. L’idéologie elle-même n’est qu’un des aspects de cette histoire.

Karl Marx & Friedrich Engels
L’idéologie allemande

La rhétorique de la seconde néo-avant-garde est plus situationniste que située et fait écho aux déclarations visionnaires et souvent machistes des modernistes. Notre époque est dépourvue d’un sentiment d’imminence de la révolution ; elle a été suffisamment tancée par les critiques que les féministes adressent au langage révolutionnaire et par les arguments post-coloniaux ; elle a été suffisamment mise en garde conte le caractère exclusif non seulement des institutions artistiques, mais aussi des discours critiques.
L’art postmoderniste est allégorique non seulement pour sa prédilection pour les espaces en ruines et les images fragmentaires (comme lorsqu’il s’approprie des fragments tant de l’histoire de l’art que des mass média) , mais surtout pour son besoin impulsif de bouleverser les normes stylistiques, de redéfinir les catégories conceptuelles, de remettre en question l’idéal moderniste de la totalité symbolique – bref, par son désir d’exploiter l’écart entre le signifiant et le signifié.

Hal Foster
Le retour du réel

Citations en exergue du livre de Jordi Vidal,
Servitude et simulacre en temps réel et flux constant

Jill Fehrenbacher

Jill Fehrenbacher n’est pas une inconnue dans le monde des blogs, puisqu’elle est la fondatrice d’Inhabitat, un blog dédié au design et à l’architecture “verts“.
Tandis que je naviguais sur BLDGBLOG sur un sujet qui ne m’intéressait absolument pas, j’ai été interpelé par les photos qui illustraient un sujet prétendant que “certaines hallucinations architecturales associées à des expériences de mort imminente – telles que les lumières vives au bout de longs couloirs ou tunnel – peuvent être en réalité le résultat de troubles du sommeil.” Personnellement, ça ne me parle pas du tout, mais les photos ne pouvaient m’échapper.
Les photos de Jill Fehrenbacher ne sont pas uniquement tournées vers ces couloirs, des photos hypnotisantes, parfaitement construite, d’une symétrie troublante et cadrée sur une perspective tantôt fuyante, tantôt arrêtée, mais c’est également un travail sur la surface, la réflexion des lumières, dans des compositions parfaites qui personnellement m’ensorcèlent.

jf.jpg

PS: J’essaie de retrouver un billet sur lequel je parlais de ces photos de couloirs, mais pas moyen. Voilà, c’est ici.

PPS: Apparemment, quelques soucis d’affichage sur la page Fine Art où les diaporamas ne sont pas disponibles après le 3ème du groupe. Je contacte l’auteure pour en savoir plus.

Manufactured Landscapes

Jennifer Baichwal a réalisé un film sur Edward Burtynsky dont j’avais déjà parlé ici. Burtynsky est un photographe du monde industriel, auteur d’une oeuvre prodigieuse héritière de Bernd et Hilla Becher dont la philosophie tend à démontrer les liens étroits entre l’homme et la nature au cours de cent dernières années et plus particulièrement l’emprise et l’empreinte de l’homme sur les paysages, lesquels sont devenus des paysages manufacturés, pour les besoins de son économie.
Une oeuvre à parcourir, à redécouvrir pour méditer sur le miracle de la transformation de la nature.
Les impressions sur le documentaire à lire sur A Daily Dose of Architecture.

container_port_06.jpgoil_fields_14.jpg

Continue reading “Manufactured Landscapes”

Session de la ruine industrielle et de la technologie éphémère

1777737_preview.jpgpc123647_neu_preview.jpg

Et on commence par Hebig. Lorsque la technologie se développe de telle sorte à n’envisager aucune espèce de perspective d’avenir sur son propre devenir, c’est précisément à ce moment là qu’elle devient intéressante. Sans fin et sans autre raison que la pure instantanéité, le présent à l’état pur, jusqu’à sa ruine.
Pendant quelques temps, je vais partir sur les routes de ce thème qui m’intéresse depuis pas mal de temps, de l’architecture aux projets titanesques de l’urbanisme, en passant par la photographie, l’art – celui des musées et des paysages – et la ville sous tous ses aspects.

Wooster

Trouvé chez Etienne Mineur, un très beau site, entièrement dédié au Street Art. Toute l’inventivité et la créativité visible sur les trottoirs et les murs sales des villes.
Impossible de ne pas penser à Ernest Pignon-Ernest.

streetssouls.jpg

PS: ne pas hésiter à naviguer, c’est plein de petites richesses.

La traîtrise de la formule


Le manège

Mon métier est compliqué. Il est compliqué parce qu’il ne requiert aucune compétence spécifique – si ce n’est une curiosité naturelle et un goût prononcé de la résolution de problèmes – mais qu’au fil des années, il est devenu foncièrement lourd à gérer. Je travaille dans les statistiques, mais ne tripotant pas moi-même les statistiques mais plutôt les bilans et autres rapports, je travaille avec des bases de données et des tableaux. Continue reading “La traîtrise de la formule”