Brouillardises

Mardi matin, il fait brouillard. Je sors comme endormi, entouré de coton, la nuit est encore dans les parages. Sur la quai, je retrouve la même brune aux cheveux courts que j’ai vu la veille au soir, tard, tandis que je rentrais du boulot en voiture. Elle m’intrigue, je m’approche doucement pour la regarder. Elle porte comme de grandes chaussettes dans ses bottes, un jupe courte et un cardigan. Elle fait partie de ces gens qu’on prend un malin plaisir à dévisager et qui apparemment aiment ça. En plus de ça, elle achète Libé. Tout ce que j’aime chez une femme. Un peu plus loin, une lycéenne, guère plus, fait voler ses bouclettes. Petit visage d’ange, va ! Je rencontre la voisine du dessus, et même elle, dans les ténèbres du quai a l’air désirable, avec ses hanches larges. Tout le monde me semble beau, ce matin, surtout les femmes, des jours comme ça, on se croirait au paradis. Par contre, dans le train, je n’ai à faire qu’à des têtes ahuries, des gens laids. Il y a un type en face de moi qui écoute une cassette dans son walkman (je ne savais même pas que ça existait encore), et cet abruti se cogne la tête lorsqu’il se lève pour sortir. Un “putain” léger et étouffé sort de ses lèvres pincées. Dommage, connard, t’avais l’air d’être un beau gosse. Ça devient trash dans ma tête, ça se bouscule, je suis comme pris par un vertige malfaisant, quelque chose qui me donne envie d’afficher un sourire cynique. Je dirais même sardonique. Pas de lecture ce matin, juste de la musique, bien fort, entre les oreilles. Dans le métro, une femme plus toute jeune, porte des résilles fins, de couleur rouge sur ses mollets musclés. Elle avait pourtant quelque chose de sympathique avec son petit nez en trompette. Et puis un coup de téléphone rompt le charme tandis que j’étais en train d’attendre qu’une petite rouquine se retourne et me montre son visage.

Je me suis retrouvé ensuite sur l’autoroute, en direction d’Amiens. Il faisait encore brouillard, encore plus, une vraie purée de merde en boite de concentré de tomate de merde de brouillard. Un truc à découper au couteau à merde de brouillard.

Au retour, les paysages étaient fantastiques, couleurs chatoyantes mordorées, éclatantes sous le soleil rasant du soir. Plus de brume, juste de beaux paysages vallonnés, des champs à perte de vue, une palette de couleurs inédites… Merde la Picardie, c’est peut-être un pays de bouseux, mais vache que c’est beau. C’est seulement l’automne qui fait ça ? Ce n’est peut-être que moi qui me fait des idées.

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