Il est des rencontres littéraires fortuites qui frappent comme des coups de tonnerre. Fabienne m’a fait découvrir un auteur que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam, un écrivain suisse du nom de Charles-Ferdinand Ramuz. J’ai reçu un livre rouge des Carnets de Grasset, sur lequel étaient inscrites en grandes lettres blanches Derborence, un livre datant de 1936.
Comme souvent avec les livres d’auteurs que je ne connais pas, j’éprouve une sorte de répulsion car l’impression d’arriver sur des chemins déroutants m’est désagréable, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas tout de suite ouvert le livre. Je l’ai regardé, soupesé, j’ai lu la quatrième de couv’, et j’ai fini par me plonger dedans.
Je ne le savais pas, mais ce village de montagne, Derborence, existe réellement, et la catastrophe dont il est question ici a bien eu lieu, ce qui ajoute une dimension, après coup, totalement fantastique au roman.
Le livre de Ramuz est écrit dans un style limpide, simple, n’éveillant aucune suspiscion quant à une éventuelle mise en pathos
de la part de cet auteur, souvent qualifié de régionaliste. L’emploi du on
y est récurrent et il se trouve un je ne sais quoi, une couleur particulière à cette écriture qui la rend chaleureuse et sensuelle. La vie des gens simples de la montagne face à la mort, face au fantastique et à la résurgence du passé et de ses fantômes est incroyablement bien racontée, sans condescendance, avec un regard franc et un parler qui ne singe pas, qui s’adapte et fait passer l’oeuvre pour un petit bijou. Une lecture que je vous conseille vivement.