Je pris une douche et préparai mon sac. J’y entassai une pile de mes vieux carnets noirs. C’étaient les carnets qui m’avaient servi pour le livre sur les nomades et que j’avais conservés quand j’ai brûlé le manuscrit. Je n’avais pas ouvert certains d’entre eux depuis au moins dix ans. Ils renfermaient un méli-mélo de notations presque indéchiffrables, de « pensées », de citations, de brèves rencontres, de notes de voyage et d’embryons d’histoire… Je les avais apportés en Australie car je comptais bien m’isoler quelque part dans le désert, loin des bibliothèques et du travail des autres hommes, et jeter un regard neuf à leur contenu.
Mon moleskine @ London Book Fair
Un peu inquiet quand à son sort, me voilà rassuré. Mon Grand Cahier Moleskine est bien installé sur le stand Moleskine au London Book Fair. J’ai même des preuves en images puisqu’on peut le voir exposé ici, là à côté des petits gants pour les compulser, et également sur cet autre blog. Même que mon nom apparait au côté des autres Moleskiners. Ben oui je suis fier.
Via Moleskinerie.
Carnets d'hiver
Grand Cahier Moleskine
Alors voilà. Oui, c’est vrai. Je n’ai pas beaucoup écrit ces derniers temps, principalement parce que j’avais l’esprit très occupé par diverses choses et surtout, j’ai passé presque toutes mes soirées, entre les migraines et la fatigue, à remplir mon grand cahier Moleskine de photos et de mots, dans une tension extrême avec l’impression que je n’arriverais à terminer cette folle odyssée que je me suis presque imposé tout seul, cherchant à tâtons par quel chemin passer, sur une longue route, et au bout du compte, j’ai tout terminé dans les temps, je suis allé à la poste ce matin pour déposer l’objet et l’expédier ; si tout va bien, il sera à Milan demain dans la journée. Je me suis écorché les doigts, je me suis perdu, – j’ai fouillé dans les poubelles – pensant que j’étais très certainement incapable d’aller aussi loin en aussi peu de temps – ce qui me donne de la force pour le reste – j’ai toujours aimé travailler comme ça ; délais courts, flux tendu, urgence ; c’est comme ça que je donne le meilleur – je hais les durées.
Le résultat ne ressemble pas tellement à ce que je voulais faire à l’origine, mais je suis tout de même assez content de moi, malgré quelques coquilles, deux ratures impardonnables (mais compréhensibles, j’ai écrit vite). J’ai choisi la simplicité, pas de surfait, la composition par le texte – ce qui m’a rendu la tâche ardue.
Alors voilà. Voici la couverture.
Et le reste qui va suivre.
Petite note
Beaucoup de fatigue, des changements importants. Les yeux qui se croisent, la hâte chevillée au corps.
L’esprit occupé et une lettre que j’écris sur des pages volant au vent. Un moment crucial pour moi qui se rapproche.
Un moleskine grand format sentant encore la colle fraîche et dont les pages gondolent sous l’effet de l’humidité, il passera la nuit sous presse afin de signer la fin d’une phase. A présent, l’écriture va prendre le dessus. Il ne me reste plus que quelques jours pour extraire l’essence de mon travail et faire partir le pli par avion vers l’Italie. Et pour une fois, aucune ellipse dans mes mots. Juste le regard terriblement séduisant de Nadine Labaki. Un regard qui donne envie de se trouver derrière les stores…
Moleskine teasing
Puisqu’il faut bien commencer par quelque part, autant que ce soit par le début. Reçu trois Moleskine hier soir en provenance de Milan, de la firme Moleskine. Après quelques jours fébriles d’attente. Découpage, impressions, coups de cutter, coups de pinceaux à colle, les photos placées, délimitées, presque la moitié du carnet est déjà organisée. Alors pour un avant-goût, la page de garde… Pour les autres, il va falloir être un peu patient.
Absolument Moleskine
Il y a quelques temps, peu de temps après la sortie de Netizen et l’interview que j’y avais consacré, j’avais été contacté par un Monsieur très bien d’une agence de com’ pour devenir blogueur de marque (c’est à dire en gros être payé pour administrer un blog destiné à vendre, pour glorifier les bienfaits d’une crème de jour ou de produits toxiques pour désinfecter les toilettes) et il m’avait demandé si ça ne me dérangeait pas de me vendre au profit d’une marque, de mettre mes talents de rédacteur au profit d’un grand groupe, pour 300 euros par mois. Regard presque bovin – je ne m’attendais pas à ce genre de question. Bien sûr que ça me dérange ! Mais au même titre que ça me dérange de travailler, de vendre mon temps pour des choses que je ne connais que de loin dans la chaîne de production, et au même titre que ça me dérange d’acheter des produits de grandes consommations dont je ne connais pas les méthodes de fabrication, ni l’impact de cette production sur l’environnement ! Mais voilà, il faut bien croûter ! Il faut ramener des thunes dans le foyer pour faire bouillir la marmite, alors je lui ai dit de me filer mon cachet et que j’allais le tenir son blog ! Et puis de toute façon, il y a bien longtemps que je me suis résigné et je sais à présent que pour vivre, il faut parfois savoir vendre son cul. Bon, en fait, ça ne s’est pas fait, pour diverses raisons.
Hier soir, j’ai reçu un mail d’une gentille dame représentant une marque célèbre, en l’occurrence Moleskine (détenue par la Société Générale), louant mon travail sur les carnets de note du même nom et insistant sur le fait qu’ils représentent parfaitement l’esprit de la marque et elle me demande de lui envoyer un de mes carnets pour l’exposer au Frankfurt Book Fair en octobre et au London Book Fair en avril (l’équivalent du Salon du Livre de Paris, regroupant 23000 membres, des professionnels de l’édition). Comme je ne suis pas super chaud pour envoyer un de mes Moleskine, surtout parce que je n’en ai fini qu’un seul et que celui-ci se trouve à présent à Chêne-Bourg, la gentille dame me propose de m’envoyer gratuitement par DHL un Moleskine de mon choix afin que je le remplisse et que je le retourne. Bonne idée ça, ouais. Du coup, j’ai commandé un cahier extra-large ruled, couverture noire, de 120 pages que je dois remplir en moins d’un mois. Un beau challenge et des heures de boulot, de collage, de mise en forme, d’écriture…
La récompense ? Cinq Moleskine à la clé, le format et le layout que je désire. Et puis une gloire éphémère, représenter une marque pour un travail jugé de qualité.
Le risque ? Des milliers de visiteurs du Salon pourront manipuler mon carnet, la petite dame ne me garantit donc pas l’état dans lequel je vais le retrouver. Du coup je me dis que je réserverais bien une petite surprise aux gens qui seront susceptibles de voir mes pages.
Quoi d’autre ? La satisfaction d’accomplir un travail qui intéresse des gens et partager ça. Rien de plus, mais ça me suffit.
La boîte en métal, dix crayons
Il y avait bien quinze ans que je n’avais pas pris autant de plaisir à dessiner.
Alors certes, ce n’est pas encore du grand art, mais j’ai retrouvé mes réflexes de vieux routard. Je dis toujours que pour savoir dessiner, il faut commencer par savoir dessiner une perspective, le reste, c’est du flan, de la fioriture, du brouhaha.
Ce carnet est tout petit, moins de dix centimètres de longueur.
Errances urbaines au bout de la mine…
Les autres se trouvent ici… À suivre.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi les copines, mais j'adore me maquiller les yeux
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Ce dimanche, je me suis acheté un livre rose, un livre qui, comme ça, vu de l’extérieur n’est rien d’autre qu’un livre dans une pochette rose recouverte d’une sorte de velours comme on en trouve sur ces vieilles brosses à vêtements enfin je dis vieilles pas tant que ça c’est surtout le genre de choses qu’on trouvait dans les années 70, enfin que je trouvais dans les placards de ma mère quand je n’étais encore qu’un petit morveux – c’est pas vrai d’abord je n’ai jamais eu de chandelles qui descendaient des narines – je suis tombé sur ce livre avant d’avoir hésité longuement à prendre une édition brochée des Particules Elémentaires de Michel Houellebecq qu’il faut certainement avoir lu mais lorsque j’ai eu entre les mains ce livre recouvert de moumoute rose, je me suis dit voilà le livre qu’il me faut, le vrai livre qui de l’extérieur ressemble à un livre de fille, je dirais même de pétasse et qui est en fait un des plus grands romans du XXè siècle paraît-il et que je n’ai toujours pas lu et pour le coup je me suis dit qu’en avoir une édition en moumoute rose était l’occasion de le lire. Non ? Ça ne tient pas ? C’est justement pour ça que c’est important.
Alors c’est quoi ? Ce sont les mémoires de Dom Juan ? Non. Ni plus ni moins que le chef d’œuvre de Nabokov, Lolita. Une telle couverture s’imposait-elle ? Certes, il ne pouvait en être autrement, et puis j’ai flâné longuement entre les tubes de peinture les pastels gras les pastels aquarellables, et autres pastels de toutes sortes et aussi les crayons les mines les stylos les feuilles et les carnets enfin bref tout ce qui sert à écrire et à dessiner et je n’ai qua-si-ment rien acheté… je dis bien qua-si-ment parce que je n’étais pas là pour moi mais pour mon fils le coquin qui a lui de son côté flâné longtemps entre les livres de coloriages de Noël les livres sur les dragons et les atlas de tout acabit et a réussi avec son sourire d’ange à se faire offrir plein de choses par les vendeurs, il est comme ça – il s’avance vers les gens en souriant et tout lui tombe entre les mains, d’ailleurs faudrait voir à ce que ça n’arrive pas trop souvent qu’il ne s’imagine pas que tout est toujours aussi simple – et puis j’ai vu énormément de livres intéressants comme ce tout petit livre très cher sur les photos de Anja Hyytiäinen qui s’appelle Distance Now avec de très beaux clichés très crus et très froids comme savent en faire les gens du Nord (le premier qui siffle la chanson d’Enrico Macias c’est deux gifles), mais aussi Sensationnal Billboard aux éditions Teclum sur les panneaux publicitaires, Do not disturb de Chas Ray Kinder, très porno chic ou porno tout court et aussi un livre dont je ne soupçonnais même pas l’existence, un livre de leçons de photo écrit par le très célèbre Stephen Shore.
Et puis je suis allé à Paris, samedi, dans les grands magasins du boulevard Haussmann, je voulais aller sur le toit du Printemps mais il faisait déjà presque nuit quand je suis arrivé et puis de toute façon, je ne suis pas allé au Printemps mais aux Galeries Lafayette plus connues sous le nom de Galeries de la Fille ou Temple du Superflu et de la séduction clinquante ou encore Naos du petit cul qui se trémousse, c’est une question de point de vue et fichtre qu’il y avait du monde, dans les rues, sur les trottoirs et dans les allées, aux caisses et dans les rayons, jusqu’au plus haut de cet immense vrac de choses brillantes et de choses chères et plus chères qu’ailleurs, et puis toutes ces femmes, que des femmes – faut dire aussi que si on se contente de se promener au 4ème étage – pour celles (et ceux, mais bon) qui connaissent – ben c’est forcé qu’on soit noyé au milieu des femmes shoppingnantes parce qu’on est ici à l’étage Tendances de la femme, c’est un peu le Gotha du brillant de la marque du tendance et du c’est vraiment trop génial pour les femmes. J’adooooooooore…
Dehors les vitrines clignotaient miroitaient reflétaient cliquaient et tous ces gens horribles prêts à se monter dessus pour voir les vitrines animées et qui poussaient leurs enfants pour qu’ils soient les premiers et qu’ils puissent voir absolument en marchant sur les pieds et sur le visage de leurs congénères – leur inculquant dès le plus jeune âge les règles les plus élémentaires de la vie en société soit la traîtrise la couardise et le méchanceté, rien de moins que tout ce qu’on retrouve chez leurs chers parents et lorsque je vois de toutes petites filles vêtues de fourrure blanche, des vraies certainement et les pieds chaussés de souliers vernis de marque, je me dis que le monde n’est pas prêt de tourner rond, alors je change de trottoir, là où l’air est moins vicié et les gens moins puants et je dis à mon fils qu’on viendra un soir de semaine quand tous ces cons seront chez eux et je le laisse sucer son sucre d’orge en lui disant d’essayer absolument de se rappeler qu’on est encore en novembre et que Noël – ce n’est que dans un mois… On l’oublierait presque.