La matière du livre

Il fut une époque pas si lointaine où mes livres avaient le caractère du sacré et j’avais l’habitude d’en prendre un soin tout particulier. Quelques règles élémentaires s’appliquaient alors au moindre livre de poche à bas coût comme au livre relié.

  1. Je ne prête pas mes livres.
  2. Une fois lus, je les range par ordre alphabétique.
  3. La poussière accumulée sur la tranche haute est le témoin de l’intérêt que je lui porte.
  4. Je ne plie pas les pages, seuls les marque-pages sont tolérés.
  5. Un bristol y est inséré pour noter les numéros de pages, numéros de paragraphes et de lignes des phrases qui ont retenu mon attention.
  6. Je n’écris pas sur un livre.

Bref, tout ceci fait partie d’un temps révolu. Je lis bien plus de livres de poches qu’autre chose. Le format du livre ne m’importe plus guère et ce que, par snobisme idiot, je lisais autrrefois dans un format régulier, je n’hésite pas aujourd’hui à me le procurer au format de poche, pour une question pratique. Faible encombrement, transportabilité, discrétion…. Ces grands livres à l’écriture démesurée m’énervent, et je n’ai plus envie d’appliquer ce respect au livre d’éditeur, avec couverture fine en carton qui devient trop cher pour ce qu’il est. Aujourd’hui, un livre est pour moi un instrument de savoir, le coeur ouvert d’un écrivain, et le papier n’est qu’un médium, certes charnel et organique, mais seulement un médium. Mes livres de poche, j’aime les triturer, témoigner de mon passage sur des pages qui vivent et renvoit l’image des mots, je n’hésite pas non plus à corner les pages pour marquer les endroits dignes du plus haut intérêt, à souligner au crayon à papier les jolis mots et à indiquer sur la page de garde, le numéro des pages marquées.

J’ai désormais un rapport vivant au livre, quelque chose qui ne l’enferme pas dans sa stricte fonction. Il n’y a plus guère que mes quelques livres de la Pléiade qui ont le droit à une attention excessive….

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