Pratiquement vingt heures par semaine, pendant plus de cinq ans, j’ai plongé les mains dans la terre, dans le plâtre liquide, j’ai donné des coups de couteau dans le plâtre séché, dans la terre déjà formée, j’ai gratté, j’ai sculpté, j’ai fait de la barbotine… J’ai donné beaucoup, j’ai donné la forme à la pierre. Je passais énormément de temps avec mon maître, Le Tai Dien, un Viet-Namien adorable, tout petit et revêche, qui ne parlait quasiment pas. Il avait une confiance immense en moi et en mon travail, et me disait sans cesse qu’un jour je ferai mieux que lui. J’ai travaillé longuement, ne sortant que quelques pièces tous les ans, à la recherche de la forme et de la matière parfaite. Et puis comme beaucoup de choses, j’ai abandonné. Mon modèle de toujours ? La muse endormie de Brancusi. Et elle était là, face à moi, au détour d’une exposition….