Un livre. Encore un. Une belle couverture représentant deux hommes, certainement d’Afrique centrale assis sur des fauteuils posés au pied d’un mur. Un encadré transparent formant un dégradé d’un vert intense donne un certain caractère à la présentation, quelque chose de foncièrement moderne, trendy.
Le succès est plus dangereux que l’échec. Les lames se brisent sur une ligne côtière plus longue.
J’aime ces livres qui ont de la matière, 370 pages épaisses, une courte biographie, une introduction, dédicace et exergue dans un enchaînement. Une belle introduction signée de la main de l’auteur, qui rappelle le contexte dans lequel il a écrit ce livre au regard des autres, les lettres qu’il a échangées avec son meilleur ami, Evelyn Waugh et qui ont failli le brouiller au regard de la mésentente non-chrétienne que prend le texte.
– On ne devrait pas permettre aux gens de choisir librement ce qu’ils apprennent dans la Bible », dit le supérieur en essayant de faire tomber la cendre de son cigare dans le cendrier. Mais il était écrit qu’il le raterai toujours.
Est-ce un hasard si ce livre m’a attiré par la simple couverture, sans avoir lu la quatrième de couverture et sans avoir même retenu le titre qui ne m’évoquait absolument rien ? Un strict achat compulsif guidé par le nom de l’auteur, simple envie de lire un autre livre de lui, après Notre agent à La Havane qui m’avait fait rêver et qui me rappelle cette époque d’insouciance, quelque temps après sa mort. C’était ça ou le second tome des œuvres de Robert Louis Stevenson.
« Moi non plus, dit-il. Je ne souffre de rien. Je ne sais plus ce qu’est la souffrance. Je suis arrivé au bout de tout cela aussi.
– Aussi ?
– Comme du reste. Au bout de tout. »
Le supérieur fit demi-tour sans montrer de curiosité.
« Oh ! bien, savez-vous, dit-il, la souffrance est une chose qui nous sera toujours donnée au moment voulu. Dormez bien. Je vous réveillerai à cinq heures. »
Aujourd’hui, il m’a aidé à naviguer. Énervé par les arcanes d’une sorte d’administration sourde qui pour se faciliter la vie au quotidien fait tout pour plonger l’usager dans un trouble profond digne de Kafka alors que je me suis trouvé complètement décontenancé par l’appel qui a précédé avec mon fournisseur d’accès Internet, j’avais demandé qu’on me rappelle. La conversation a commencé comme ça, sans exagération : « Béjou, – tronçon de langage incompréhensible – wapélé missiou Lipélou (j’ai subsumé qu’on parlait de mon nom de famille – tronçon de langage incompréhensible – pouwoutu di ligne, and so on. Neuf a certainement ouvert son nouveau centre d’appel au Ghana, rien ne change. J’ai presque envie de pleurer.
All we have gained then by our unbelief
Is a life of a doubt diversified by faith,
For one faith diversified by doubt :
We call the chessboard white… we call it black.
En 1991, lorsque Graham Greene est décédé, j’étais jeune homme en train de découvrir les joies de l’amour avec ma première petite amie, sur le chemin du bonheur, je le croyais.
Ce soir encore, j’arrête de travailler à 00h03, à croire que je suis abonné à cette heure. Je regarde dehors… Je crois que la nuit pleure.
Toutes les citations proviennent de
La saison des pluies (A burn-out case)
Graham Greene, 1960
bah nan, missiou Lipélou, fô pa pleuwer !
et d’abord, les grands écrivains ne meurent jamais (c’est quelqu’un qui m’a dit ça un jour 🙂 )
C’est vrai surtout pour les bons. En revanche, BHL, Philippe Delerm, Musso, Dan Brown, eux sont déjà mort….
mais c’est qui ces gens ? connais pô 🙂
Ils sont morts…
moi, c’est 22h22 que je vois le plus souvent,… et plus fort, je ne sais franchement pas ce que je fais à chaque fois, à cette heure précise,… devant une pendule… 🙂
Et un ange passe ? 🙂