Meditatio ab nihilo

Première méditation

Deux quais de métro, les gens se font face. On dirait deux armées prêtes à se jeter l’une sur l’autre. Des visages haineux, des peaux de bêtes sur le corps, d’étranges armes et boucliers à leur côté. Ils se toisent.
Dehors, il fait froid, un vent pas possible, le soleil à l’est, tout est normal, engoncé dans mon caban, j’ai les yeux dans le vague et je me surprends à ne penser à rien.

– Bonjour Romuald, tu as l’air bien pensif…
– …

Seconde méditation

En lisant tous les mots qui passent à proximité, je me rends compte que j’ai cette prodigieuse capacité de tout absorber, tandis que parfois je ne comprends même pas ce que je lis. J’arrive même souvent à comprendre l’exact contraire. Ma perception est faussée, je le sais, depuis longtemps. Vie en décalé.

– Romuald ? Tu comprends ce que je te dis ?
– …

Troisième méditation

Y a-t-il quelqu’un ? Je me sens seul, impression de soliloque. Les mots se perdent dans le vent et je ne garde entre les doigts que des grains de sable… des morceaux de présent et d’avenir sans vie me filent entre les doigts. Comme la marée qui recouvre le sable et ne laisse plus rien des traces qu’on y a laissé.

– Romuald, je te sens bien solitaire…
– …

Quatrième méditation

Le silence est affaire de mesure. Lorsque le bruit devient trop présent, on n’aspire qu’au calme, mais lorsque le silence prend le pas, ça devient tout de suite assourdissant. La calme absolu est désespérant. Je n’arrive jamais au juste équilibre.

– Romuald, dis quelque chose, je t’en prie…
– …

Cinquième méditation

Il fait noir ici. Nuit noire terrifiante et asphyxiante. Plein de ténèbres lourdes et moites. La moindre petite lumière ne pénètre pas. Il n’y a pas d’interstice. Pourtant, c’est un peu mon élément, un environnement familier, un berceau nourricier. Je m’y sens bien uniquement parce que j’y suis habitué.

– Romuald, allume la lumière…
– …

Sixième méditation

Une chose m’a été apprise par la vie. On n’obtient que très rarement ce qu’on veut, même en sacrifiant beaucoup de choses. C’est certainement une loi universelle et je ne sais pas si j’y échapperais.

– Romuald, tu as l’air triste…
– …

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