Rendre mes oripeaux

Mon expérience est terminée. J’ai passé toute une journée dans le blog d’une autre, à défaut d’être dans sa peau. Résultat ? Eprouvant d’être une femme, tout au moins dans un blog. Merci Cey pour ta confiance et cette expérience hors du commun (j’exagère à peine).

J’ai tout laissé en état, j’ai éteint la radio en partant, j’ai passé l’aspirateur… Par contre, le chat, un peu chiant non ?

Laisse tomber, j’ai fait. Inutile de discuter avec les rustres, les culs-terreux et les imbéciles. L’homme intelligent choisit avec discernement ses auditeurs.
John Fante, La route de Los Angeles

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De peur que ces écrits ne s’effacent, je les reproduis ici.

Dans la peau d’une femme I

Cey est partie. Elle a quitté l’écran de son ordinateur pour une journée en me laissant seul, avec une confiance incompréhensible, m’ayant laissé les clefs de son chez-elle. Si j’étais un démon sorti d’un tableau de la Renaissance Flamande, je pourrais exercer mon pouvoir de nuisance en détruisant son oeuvre, mais de cela, il n’est pas question, quand bien même j’éprouve une sorte de jalousie entêtante envers ce qu’elle fait. Pour une journée donc, je me glisse dans son blog, dans son univers, parmi ses mots pleins de sensibilité et de justesse… Oui Cey malheureuse !! Je te maudis… Toute femme que tu es ! Pour la peine, je prends ta place, je m’immisce ici, je me substitue à toi et par ces mots je suis aujourd’hui dans le blog et dans le corps d’une femme. On aurait pu appeler ce billet, Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme….

Passons. Me voici donc, dans l’antre de Cey. Dans ses mots, son contexte, le look sobre et envoûtant de l’endroit. Finalement, je suis assez mal à l’aise, comme si j’usurpais quelque chose, comme si je volais ces instants qu’elle partage avec vous.

Du mystère, il y a du mystère ici. Un mystère charmant, des images qui engendrent la mélancolie et la nostalgie, des mots qui décrivent un univers que j’envie et que je respecte profondément. Un monde blanc, que je vais tenter de ne pas salir…

Dans la peau d’une femme II

Ah oui ? Moi, un romantique ? Naaan… En quoi le serais-je ? En venant ici pour la première fois, j’ai eu l’impression de trouver quelque chose qui ne ressemblait à rien d’autre en ceci qu’on ne peut certainement aller plus loin dans le raffinement et la simplicité. A première vue. Ensuite, à la lecture de ces billets qui se succèdent à un rythme lancinant, mais pas monotone, on y trouve des petites perles, des mots qui disent beaucoup sans jamais rien réveler. Je vais arrêter de lui envoyer des fleurs, elle risque de s’imaginer des choses (…) C’est mal. Plus de compliments, rideau, on ferme.

Suite.

J’en reviens à mes moutons. J’avoue, je n’ai pas tout lu ici. Ni ailleurs. Tiens, d’ailleurs, je me dis que je ne connais pas tout ces ailleurs. A corriger. Mais ce que j’en ai lu, j’ai quelque peu honte de l’avouer me donne envie d’être elle, ou tout au moins cette femme. Etrange non ? Si je viens si souvent ici, c’est que quelque chose dans ses mots me fait m’identifier à elle. Oui, je sais, tout ceci a quelque chose de ridicule, mais je me verrais bien épouser sa vie, avec ses solitudes, ses angoisses, ses rêves, sa blancheur, parfois sa candeur et son originalité. Y entrer comme le plâtre liquide épouse son moule (désolé, je n’ai pas trouvé de meilleure métaphore)…

Je rêve et une fois de plus, je dis n’importe quoi. Promis, dans le prochain billet, je parle de sexe…

Dans la peau d’une femme III

Non, non, non et non. Non, je ne vous raconterai pas, je n’en dirais rien. Non, je ne vous dirais pas ce que je m’imagine ressentir lorsque j’essaie d’imaginer ce que ça peut faire d’être une femme. En plus, avec ce que j’ai dit tout à l’heure dans le précédent billet, ça risque de prêter à confusion et je vais encore m’embarquer sur un chemin fort tortueux. Vous voyez ? Vous le dites si je vous ennuie avec mes histoires.

Après m’être renseigné sur les inconvénients liés au fait d’être une femme, je me dis qu’être un garçon, ce n’est pas si mal que ça. Evidemment, je ne connaîtrais jamais la grossesse et l’accouchement, qui peuvent, l’un comme l’autre être source de souffrance comme de bonheur intense. Je ne connaîtrais jamais non plus les séances de mains au cul et les regards lubriques. Quoique, il suffit d’aller au bon endroit. Ni non plus la discrimination salariale. Quoique, c’est parfois le cas. Bref. Plutôt que de voir le côté noir, tentons de voir quel en est le côté blanc. Le côté blanc, lorsque l’on est une femme. Le côté blanc, c’est que pour trouver un magasin de fringues, pas besoin de battre la campagne. On a deux seins, enfin je veux dire, mieux que ce qu’a un homme, hein ! Et puis, j’imagine que tout ce que peux ressentir une femme, à tous les niveaux, spirituel, sentimental, sexuel, tout est plus intense et plus sensé. C’est peut-être une impression, mais je pense que ça fonctionne comme ça, et comme je l’ai dit, je donnerais dix mille vies (non, pas pour avoir vécu la vie de Brautigan, comme dirait Djian) pour connaître un jour l’orgasme d’une femme, ressentir ça au plus profond de ma chair. Mais ça, c’est certainement ce qu’il a de plus différent de moi. Car un jour, je mourrais, un jour je serais peut-être même riche ou même un autre que moi ? Qui sais ? Mais jamais je ne serais une femme…

Je pense que c’est là ma plus grande déception dans la vie.

Dans la peau d’une femme IV

Un dernier billet avant de rendre les clefs dorées à la propriétaire de ces lieux, juste pour dire que finalement, toutes ces interrogations ne mènent à rien. Je ne suis pas une femme, je ne suis pas Cey, je ne suis pas ici chez moi, même si je l’avoue, j’y trouve un certain confort, une sérénité qu’il n’est pas souvent donné d’affecter. J’ai passé une journée agréable, à me poser des questions, à sentir l’air d’ici, à respirer des parfums inconnus, j’ai touché des objets que je ne connaissais pas, vu des couleurs tendres et reposantes… Ouais, une bonne journée.

Il est temps pour moi de rendre les armes, face à ma déception première, mais je reste tout de même heureux de cette expérience. Je me dis après coup que j’aurais pu tenter de prendre réellement sa place, c’est à dire de tenter de faire croire que c’était elle, mais la tâche aurait été compliquée. Faire du “A la manière de…” est un art. Et je n’aurais pas aimé tromper ses lecteurs par une telle supercherie, ce n’est pas dans mes habitudes.

En espérant vous avoir diverti, fait rire ou sourire, vous avoir attendri ou fait réfléchir…. En espérant également ne pas avoir trahi l’esprit de ce blog que je respecte ô combien… En espérant ne pas avoir déçu la blogueuse de ces lieux, la femme qui se cache derrière, l’âme qui habite ses mots…

Je tire ma révérence, je vous salue à la manière de ces acteurs de la Commedia dell’Arte, et je m’en retourne – avec regret – à mes appartements…

Bonne soirée.

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