Torii

Photo © e-chan

Je me trouve devant un symbole shintô ; pour la première fois, je contemple un torii. Comment décrire un torii à ceux qui n’en ont jamais vu, même en gravure ou en photographie ? Deux hautes colonnes comme des piliers de grille supportent horizontalement deux poutres, dont la poutre inférieure, qui est aussi la plus légère, a ses extrémités enchâssées dans les piliers à quelque distance de leur sommet ; tandis que la poutre supérieure, qui est aussi la plus lourde, est posée à plat sur les colonnes, et les dépasse largement à droite et à gauche. Ça, c’est un torii : la construction varie peu de forme, qu’elle soit faite de pierre, de bois ou de métal. Mais cette description ne peut donner une idée correcte de l’aspect majestueux d’un torii, de sa suggestion mystique en tant que portail. La première fois que vous voyez un noble torii, vous vous imaginerez peut-être voir le modèle colossal d’une belle lettre chinoise se dressant contre le ciel ; car toutes ses lignes ont la grâce d’un idéogramme animé, les angles et les courbes hardies de caractères tracés en quatre coups de pinceau magistraux.

Lafcadio Hearn, Ma première journée en Orient

2 Replies to “Torii”

  1. Je commence à comprendre.

    Comprendre pourquoi tes lecteurs sont aussi silencieux, leurs commentaires aussi rares: c’est que ton blog n’a jamais autant mérité son qualificatif de “manufacture d’ambiances” et quand on est plongé dans les ambiances que tu crées, tantôt avec légèreté, tantôt avec gravité, on peut se passer de mots.

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