Retour au lit. Et à l’insomnie. Cette femme. Comme je l’aimais ! Les sinuosités de son corps, la faim dans son regard traqué, la fourrure de son col, les échelles de son collant, l’oppression dans la poitrine, la couleur de son manteau, l’éclair de son visage, le picotement au bout de mes doigts, la filature élastique dans la rue, la lueur froide des étoiles, le mouvement têtu du croissant de lune, le goût de l’allumette, l’odeur de la mer, la douceur de la nuit, les dockers, le claquement des boules de billard, les notes perlées de musique, les ondulations de son corps, le rythme de ses talons, son pas décidé, le vieux avec son livre, la femme, la femme, la femme.
J’ai eu une idée. J’ai rejeté mes couvertures et bondi hors du lit. Une idée fantastique ! Elle m’a emporté comme un avalanche, une maison qui s’écroule, un vitre qui explose. J’étais fébrile, fou d’excitation. Il y avait des feuilles de papier et des crayons dans un tiroir. Je les ai ramassés avant de foncer à la cuisine. Il faisait froid dans la cuisine. J’ai allumé le four et laissé sa porte ouverte. Assis nu, j’ai commencé à écrire.John Fante, La route de Los Angeles
2 Replies to “Écrire nu”
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Fante… irremplacable Fante. 😉
Tu n’as pas idée à quel point… 🙂