Retour à la (télé)réalité

Lorsque mon fils m’a réveillé, j’ai ouvert des yeux ronds comme des soucoupes en ne croyant pas tout à fait que les chiffres qu’affichait le réveil était deux fois 1. Je me suis levé en catastrophe parce que je devais aller à la banque et c’est précisément derrière ce guichet que j’ai rencontré Thomas du loft. Oui oui. Le Thomas du loft n°2. Je savais qu’il travaillait ici depuis pas mal de temps ; comme quoi la célébrité a du bon, elle mène à tout, même à travailler comme “agent d’accueil” dans une banque de banlieue. Je suis admiratif.
Comme ma librairie se trouve juste à côté, je suis allé y faire un tour, juste pour voir. J’ai acheté une carte postale qui ne manquait pas de charme, et c’est là que Christelle m’a appelé. Comme souvent, elle m’appelle le lundi et comme souvent le lundi, j’ai ma voix du petit matin et comme souvent, j’ai la tête dans le pâté lorsqu’elle m’appelle. Elle va finir par croire qu’elle m’emmerde. Au retour, j’ai découvert un bleu que je ne connaissais pas et j’ai soudain été rattrapé par l’impression que les jours passent trop vite.
Dans son désir de ne me voir manquer de rien, Kenya m’a ce jour apporté quatre feuilles de tilleul toutes aussi jaunes que celles du peuplier et duveteuses à leur surface, agréables à caresser, quatre feuilles que je me suis empressé de glisser entre les feuilles des Marginalia de Poe.
Dans le ciel de l’après-midi s’étalaient de gros nuages blancs sur un fond bleu de Prusse, et un peu plus loin, une chappe d’un gris bleuté foncé s’est étendue au-dessus de nos têtes, dans une sorte de peau squameuse de reptile, ondulante et surréelle.
En regardant les minutes passer, je reste seul avec mon fils en me demandant ce que j’attends réellement, si je n’attends pas tout simplement un éventuel retour à la réalité.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/catpower.mp3]

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Oui oui, c’est bien ma voiture à gauche.

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