Supûtoniku no koibito, les amants du Spoutnik

Les amants du SpoutnikLes amants du Spoutnik

Sous ce titre étrange se cache ni plus ni moins que le formidable roman de Haruki Murakami, Les amants du Spoutnik, un livre au titre étrange qu’on ne peut comprendre qu’en lisant.

De temps en temps, les orbites de nos satellites se croisent, et nous parvenons enfin à nous rencontrer. Nos coeurs réussissent peut-être même à se toucher. Mais juste un très bref instant. Sitôt après, nous connaissons de nouveau la solitude absolue. Jusqu’à ce que nous nous consumions et soyons réduits à néant.


Ma première impression à la fin de la lecture a été que j’avais entre les mains, une sorte de roman préparatoire aux Chroniques de l’oiseau à ressort. Mais c’est plus que ça, évidemment. C’est avant tout une très belle réflexion sur l’acte d’écriture.

Ecrire un roman est presque pareil. Tu peux construire une magnifique porte incrustée d’ossements anciens, cela seul ne donnera pas vie à ton roman. Les fictions ne sont pas de ce monde. Pour relier une histoire à notre monde à nous, il faut une cérémonie magique, un baptême.

Ce livre est l’histoire de deux histoires d’amour qui s’entrecroisent pour n’aboutir à rien. Trois personnages, un aime l’autre qui en aime un autre qui n’aime personne. C’est aussi l’histoire d’une disparition étrange, à la limite du possible et de l’occurrence désabusée d’un homme qui ne fait que passer dans les vies des autres, un personnage qui ressemble étrangement à ce personnage fantomatique des Chroniques, Toru Okada.

Pourtant, je ne serai plus jamais le même. Mon entourage ne s’en rendra pas compte, parce que rien dans mon apparence n’aura changé. Mais quelque chose en moi aura disparu, se sera consumé. Du sang a été versé. Quelqu’un, quelque chose, a quitté l’intérieur de mon être. En baissant la tête, sans un mot. Une porte s’est ouverte, une porte s’est refermée. Une lumière s’est éteinte. Aujourd’hui, celui que j’étais vit son dernier jour. Il contemple son dernier crépuscule. Quand l’aube se lèvera, celui que je suis maintenant aura disparu et un autre habitera ce corps.

C’est un livre duquel on ne ressort pas indemne, ça remue les tripes et donne conscience à quel point nous dépendons des relations que nous avons les autres. C’est un livre rare et intîme, précieux, qui se dévore sans possibilité de s’arrêter alors que le rythme en est très doux. Une chose belle, à lire absolument.

7 Replies to “Supûtoniku no koibito, les amants du Spoutnik”

  1. je viens de commencer LA FIN DES TEMPS , plutôt déroutant pour l’instant , ce livre semble assez atypique , en découvrant tes billets tu m’as donné envie de lire cet auteur . merci .

  2. “La course au moutin sauvage”, “La fin des temps”, “Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil”, “Chroniques de l’oiseau à ressort”, “La Ballade de l’impossible”, “Kafka sur le rivage” et même “Après le tremblement de terre”, vous pouvez tous vous les offrir… ils se croquent tous comme autant de cacahuettes ! J’avoue quand même avoir eu du mal avec “Danse, Danse, Danse”… mon seul et unique regret qui un jour ne le deviendra plus (un regret)…

    Mais de toute façon, je sais que plusieurs de ces romans ont déjà pris racine à partir de cette brindille…

  3. Je suis loin d’avoir tout lu, mais celui qui m’a le plus touché est bien évidemment l’histoire de Toru Okada. D’ailleurs, je suis un peu déçu que Murakami n’ait pas été lauréat du Nobel… La prochaine fois ?

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