Prendre le train, pas forcément pour partir loin mais juste le temps d’un trajet pour Paris, à une demi-heure d’ici, comme un jour de travail mais habillé léger, rien dans les poches, juste mon appareil photo et mon carnet dans la poche. Il fait chaud aujourd’hui, je suis seul et je ne sais pas encore ce que je vais faire.
Sur le chemin pour la gare, je trouve une maison détruite, les murs tâchés d’auréoles de colle qui la font ressembler à un maillot du Tour de France. Je suis toujours un peu triste de voir des maisons qu’on fait tomber pour les remplacer par autre chose, car j’imagine ce que peut ressentir une personne qui y a vécu et voit ce spectacle. C’est un peu ce que j’ai ressenti lorsque ma mère a vendu la maison dans laquelle j’ai passé une partie de mon adolescence.
Ce que j’aime dans les paysages ferroviaires, c’est qu’ils ouvrent des lignes de fuite vertigineuse. Deux rails parallèles et c’est tout une perspective qui s’ouvre.
Je connais cette fille au premier plan. Lorsqu’elle a vu que je shootais dans sa direction, elle a fait comme si elle ne me connaissait pas.
Cet ensemble de constructions est destiné à être détruit. Ne restera que la vieille maison portant le doux nom de “Les Capucines” dont le nom est posé sur une plaque en émail. Le quartier est en pleine restructuration ; après les travaux le quartier de la gare de Franconville ne ressemblera plus vraiment à ce qu’il était il y a un an.
Marcher sur le ballast est interdit, marcher le long des voies est interdit. Pourtant, lorsque j’étais gamin et que je passais mon mois d’août en Bretagne, je partais tout de suite après le diner dans la quartier de la gare de Plouaret (aujourd’hui Plouaret-Trégor). Sur la route de Porz am Parc, il y avait les ruines de l’abattoir où avait travaillé mon grand-père. Je remontais la voie sur un bon kilomètre en direction de Lannion, et je revenais par la route alors que la nuit était déjà tombée.
La couleur du métal lustré des rails a quelque chose d’unique.
En passant sous le pont de l’autoroute A 15. Paysage sans vie. On devrait pourtant pouvoir se sentir chez soi partout.
Vu de dedans, le paysage défile, je n’aime pas cette présence des limites entre le dedans et le dehors ; une esthétique de la disparition…
Un sentiment de solitude lorsque ce n’est plus l’heure de pointe.
Le métal réfléchit, parfois les gens aussi. Le velours grossier des sièges n’a rien d’engageant.
Saint-Gratien. Derrière cette barrière, on surplombe la Seine d’assez haut. Un paysage de maisons à flanc de coteau, on a du mal à imaginer autant d’arbres dans une région aussi urbanisée.
D’un côté une île boisée, de l’autre les quais du port.
Avenue Niel. J’aime bien cette avenue chic située entre la place du Marcéchal Juin et ses brasseries qui sentent bon le poisson au beurre blanc et l’avenue des Ternes. Il y a dans les parages une vieille boutique où il se vend du thé dans de grosses boîtes rouges comme celles de Betjeman & Barton.
Métro Ternes, un type de la Croix-Rouge me hèle en m’appelant “jeune homme”, je souris et lui dis qu’il est sympa…
Paris des tour-operators, des bus à étages et des touristes, avenue Auber.
Rue des Mathurins, je lève les yeux. Dans ce quartier très fréquenté je tombe sur cette architecture arabe très fine. Je ne sais pas ce qu’est ce bâtiment, il parait un peu incongru.
Un hammam ? Une ambassade ? Rien n’est inscrit sur sa façade et il n’y a qu’une toute petite entrée.
Je m’engouffre sous terre, une dernière photo pour marquer la limite. Finalement, dans cette histoire, tout est histoire de surface, de limites, de bordures et d’espaces parallèles.
En face il y a toujours des gens qui attendent. En fait, il y a toujours des gens partout.
Parfois, mieux vaut prendre un peu de hauteur.
J’aime bien le reflet très brillant du plafond dans le RER et la courbe parfaite de la station des Ternes. Thanks. Un petit voyage sympa entre midi et 2.
J’ai decouvert ce blog il y a deux jours et je vais de merveille en merveille. Et ce batiment tombe justement le jour ou je retrouve mes photos de Cordoue. Merci.
“rien dans les poches, juste mon appareil photo et mon carnet dans la poche.” Bon alors, faut savoir, t’as rien dans les poches ou t’as ton carnet ? Non parce que c’est pas très précis tout ça.
et si t’avais pris la peine de faire ne serait-ce que 3 ptites heures de train en plus, ben… hein ! Mais bon, voilà, tu préfères admirer des stations de métro vides et des quais de gare vides. Rhalala. Non mais c’est bon j’ai compris. Pff.
Rasbaille, ah mais si tu veux le lire entre 20h00 et 21h00 tu peux aussi hein 🙂
Bienvenue à toi Agnès et merci. Je découvre également avec plaisir ton blog.
Fabienne, taratata, un carnet c’est à peine plus que du vent sur lequel on laisse une trace avec une plume. Oui ben 3 heures de train c’est rien, tu le sais bien, c’est pas ça :p
Jolies photos, et ce récit poétique et nostalgique à la fois m’a fait du bien.
Peut-être à cause de Plouaret et des voies ferrées, parce qu’on échappe jamais à ce sentimentalisme de la naissance…
C’était une chouette balade.
Oui ça y est, le pseudo qu’on n’oublie pas 🙂 Je me demandais 😉
Euh j’allais te demander si tu connaissais Plouaret, mais avec le nom que tu portes, ça ne m’étonnerait pas 🙂
Dans le mille… Je suis née à Lannion, j’y ai passé mon enfance et mon adolescence, j’habitais dans un village à côté de la mer – Peut-être le connais-tu, c’est St Michel en grève…
Plouaret, ce n’est pas une ville que je connais, mais c’est une étape, quelque chose qui me rappelle les arrivées de Paris, en TGV, pour passer dans un autre monde – Celui du TER bringuebalant qui nous emmène vers la mer. Un saut de puce salvateur, pour reprendre pied !
Mais Saint-Michel en grève !!! Tu parles si je connais, le Yar et ses algues vertes sur la plage !!! Pour moi ça veut dire Ploumilliau et les saucisses du père Ollivier. Lannion, c’est la ville refuge, Gwalarn, les Chapeliers, et puis plus récemment, Sophie de la Feuille de thé qui passe de temps en temps dans les parages. C’est marrant ça tient 🙂
Gwalarn, la librairie… Et mon père possède un voilier, à Perros, du même nom.
Par contre ne dis rien sur les algues vertes, ça me rend malade ! ^^
Sophie de la Feuille de thé je ne connais pas par contre !
J’y retourne samedi à St Michel… Ca va faire du bien, après le gris parisien…
Passe le bonjour à la côte de Granit Rose de ma part 😉