Rouquine

A moitié en train de comater, dans mon monde, dans mes petites choses, petit carnet et petit stylo, monde étriqué que le mien, j’ai manqué de sombrer dans le sommeil alors que j’ai été réveillé par un brouhaha de gonzesses en chaleur qui ont déboulé dans le wagon. Les lycéennes, quand on les lâche dans les transports, ça fait un boucan du tonnerre de Dieu, une vraie livraison d’oies sauvages. Et que ça pépie et que ça papote dans tous les coins, mais FERMEZ VOS GUEULES BON DIEU, y’a des gens qui vivent leur vie dans le silence, tous les jours que Dieu fait…

Et puis, c’est au milieu de ce joyeux bordel que j’ai remarqué cette grande rouquine. J’ai immédiatement remarqué ses ballerines argentées (merde, mais qui peut porter des trucs pareil) et son jean serré. Enfin quand je dis qu’elle était grande, elle était plus grande que sa greluche de copine. Moche, la copine. La rousse avait de grands yeux, des cheveux coupés au carré et légèrement ondulés, de cette couleur que l’on appelle “blond vénitien”, les pommettes saillantes donnant l’impression qu’elle avait un visage large. Sous son tee-shirt apparaissaient deux petits seins pointus, l’air accueillant.

Lorsque je regarde les cheveux d’une femme, surtout lorsque se dégage d’elle quelque chose de strictement sexuel, je ne peux m’empêcher d’imaginer à quoi peut ressembler son sexe. J’en imagine les poils de la même couleur, un peu plus raide, ou plus fin, bouclés, frisés, longs, taillés courts, rasés, épilés… Que sais-je encore. Rien qu’à la regarder, j’imaginais mes doigts me promener dans une brousse courte, coupée au millimètre, d’un roux plus clair que ses cheveux, de tout petits poils soyeux dans lesquels on a envie de se perdre des heures durant, à fouiller, à humer… J’ai passé une bonne heure à faire tanguer mon regard des pages de mon livre aux formes qui se dessinaient sous son jean…

Et puis je me suis réveillé. Ou alors pas du tout. C’était un rêve ? Ah merde… Vache, il fait chaud dans ce train…

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