Tout simplement magique…
On the road
Terre des lieux
– Toujours pareil. Il ne parlait que damnation, jamais de nous. Vous décoiffez tant soit peu une jeune fille, vous alliez droit comme une flèche en enfer.
Auquel il ne croit pas du tout. Il croit aux “lieux” (Ker en breton). Il connait dans l’île des lieux – bien circonscrits : un roc fendu par la foudre, une souche de cornouiller qu’on a toujours vue là et qui ne veut pas mourir – pleins de force, d’efficace et de bonté. C’est là qu’il faut aller se recueillir, demander, remercier. Ailleurs, à l’église qu’on laisse un peu aux femmes, c’est du temps perdu.
Nicolas Bouvier,
Journal d’Aran et d’autres lieux.*
On sous-estime souvent l’importance des lieux dans les cultures populaires. Qui n’a jamais foulé les terres chargées d’histoires et de légendes ne peut avoir idée de ce qu’ils représentent en terme de charge émotionnelle et religieuse. On se retrouve transporté dans des temps morts, de la veine de ceux dont parle Loti lorsqu’il se perd dans les remparts du monastère Sainte-Catherine, en plein Sinaï.
* Non, désolé, ce livre ne parle pas de poissons.
La mer est comme un crabe, elle ne fait mal que quand on ne sait pas la prendre
En images
Une semaine dans un mutisme quasiment parfait, à regarder l’horizon et les étoiles dans l’espoir d’y trouver le sourire d’un ange, une semaine passée à lire et à écrire de laquelle j’aurais finalement réussi à extraire les 58 pages de ce carnet, premier d’une série nommée Carnets du Grand Ouest que je mettrai en ligne dès que j’aurai tout importé, et pendant laquelle est né aussi un autre projet nommé Sans une femme mais qui ne verra le jour qu’à la fin de l’année.
J’ai vu Brest, son port immense, j’ai Paimpol et son vieux bassin, j’ai vu Tréguier et sa cathédrale, j’ai vu la Bretagne sous un nouveau jour, une Bretagne qui m’a laissé un goût étrange dans la bouche, un goût de renoncement sur lequel je reviendrai. Trois images pour dire en attendant.
Gazette de l'Atlantique Nord
Mon journal, version papier. Des pages manuscrites, scannées, si le coeur vous en dit…
Apparaissent des images au beau milieu du texte, comme des traces d’une vie passagère. Le journal devient lieu de vie, d’interrogations quotidiennes, et aussi de mésententes cordiales. Un lieu qui prend forme et qui s’inscrit désormais dans un vrai projet d’écriture et qui se verra augmenté de diverses choses encore à l’état embryonnaire.
Un journal lyrique.
A la faveur de l'été
Pas encore publiées, oubliées dans un coin, voici quelques photos de l’été dernier d’un bout de la Bretagne rurale que je côtoie et comme je ne l’avais pas encore montrée. Paysages rudes entre terre et mer dans ce petit coin de Trégor, coincé entre l’Armor (la côte) et l’Argoat (les bois), terre de légendes et de croyances ancestrales… Continue reading “A la faveur de l'été”
Mousses et Fougères
Dans mon coin de Bretagne, il existe un endroit encaissé dans une petite vallée, entre Brélidy et Plouëc du Trieux, où se trouve le moulin de Camarel (pas la peine de regarder sur Google Maps). Un petit chemin mène le long d’un petit canal au bord duquel poussent des fougères par milliers. Ce jour-ci, le temps était humide et les jolies feuilles vertes ruisselaient lentement… Un peu plus loin, le moulin sur lequel s’étaient accrochées d’éphémères fougères femelles, et une fontaine aux mousses tendres et fournies.
Ecrire une histoire autour de photos
Nous sommes au mois de novembre, le soleil n’est pas très loin mais déjà il fait froid et la pluie, hier, a recouvert le sol de milliers d’étincelles dans lesquelles on voit se refléter les lumières de la ville. Les vacances d’été paraissent déjà lointaines et tout ce qui en reste, ce sont quelques photos prise ça et là, d’endroits que je connais et où j’aime retourner à cause de leur familiarité. Ils me procurent la sensation d’être chez moi ailleurs que chez moi, de me sentir bien ailleurs que là où je vis. C’est comme ça, je n’y peux rien. Je suis comme la bernique, je m’attache au premier rocher que je trouve.
Les feuilles ne se ramassent plus à la pelle, mais au souffleur à essence. C’est une ritournelle que j’aime écouter.
[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/feuilles.mp3] Continue reading “Ecrire une histoire autour de photos”
La peur de la nature
J’ai lu autrefois un livre de François Terrasson, La peur de la nature, un ouvrage richement illustré dont le propos était de montrer que la destruction que l’homme exerce sur la nature provient d’une part de son passé et des peurs ancestrales qu’il puise dans la mémoire collective, d’autre part, dans des tréfonds psychanalytiques auxquels je n’adhère pas du tout. Bref, ce n’est pas le propos. J’ai pris cette série de photo en Bretagne, dans le coeur de l‘Argoat (la terre des bois), dans la vallée du Perrier, et ce jour là, il régnait une ambiance étrange, quelque chose d’intemporel et de surnaturel, de l’ordre de ce qui se passe dans le film Blair Witch, une peur incompréhensible régnant partout autour de nous. La lumière, l’absence totale de promeneurs, le silence, tout concourait à engendrer le malaise.
Pourtant, il ne s’est rien passé, car il ne devait rien se passer. Mais inévitablement, la peur est là, reste, rend suspicieux, donne mal au coeur, de jour uniquement. Je me suis alors demandé si je pouvais franchir le pas, soit de me retrouver seul de jour dans un tel lieu, soit accompagné de nuit au même endroit. Résolument, n’étant pas peureux de nature, ni spécialement angoissé, la réponse est non. Absolument pas. La nature me fait effectivement peur. Incroyablement peur.