Saturation à haute dose (data & information)

Cette fois, je crois que le combat est perdu.
J’ai tenté de me soustraire du monde, et je crois… que ça a fonctionné. L’information, la télévision, la radio, les journaux, les fils d’actualités… J’ai tenté de tout réintégrer, sans succès. J’ai tenté de suivre, de m’intéresser, de faire abstraction des partis pris d’une presse qui se veut indépendante mais qui ne fait que le jeu de la pensée unique.
Même les journaux de gauche sont tombés, ils n’ont pas résisté à la déferlante réactionnaire, les derniers remparts se sont effondrés… et moi avec.
Lorsqu’en une du Parisien (je n’ai pas dit que c’était un journal de gauche), samedi, je vois écrit en gros “Victoire contre les All Blacks, 50% des Français y croient”, je me demande si je ne suis pas en train de manquer quelque chose en évinçant totalement l’actualité de mon champs de vision, ou si au contraire, on ne nous donne pas à bouffer de la merde précisément parce qu’on a perdu le sens des valeurs (au sens éthique du terme) et qu’on ne sait plus voir l’information comme quelque chose pragmatique, qui repose sur une critique des faits de société.
Quand je vois Libé qui fait sa une sur une hypothétique rupture entre le chef d’Etat et sa greluche, je ne situe plus rien, je perds mes repères. La gauche socialiste se délite parce que les historiques se demandent quelle mouche a piqué ceux de leur camp qui rejoignent la bastide sarkozyste et le gouvernement au lieu de s’interroger, d’avoir une pensée critique permettant de reconstruire ce qui a été abattu. Ils ne voient pas que l’autre réussit son coup, à grands coups de pensée unique à créer du vide avec du vide !!! Vraiment, je n’en peux plus. Alors je sors le fil RSS de Libé de mon agrégateur, je n’ai pas de temps à perdre avec ce genre de conneries.
La presse a tellement été habituée à ce qu’on serve de la merde à tout le monde qu’elle se croit désormais obligée de faire la même chose, parce qu’il n’y a que ça qui se vend. Prenons un autre exemple : la culture à la télévision. Les gens demandent de la culture à la télévision. Donner leur à manger un reportage magnifique sur un événement culturel et la chaîne fait 3% de parts d’audience en moins !!! C’est ça la réalité. Un cycle infernal. Je te donne de la merde à bouffer parce que tu aimes ça. Tu aimes ? Alors reprends-en, on a un stock énorme.
C’est là toute la différence comme me l’a fait remarquer Fabienne, entre la donnée et l’information. On nous vend de la donnée au prix de l’information. Et je le sais d’expérience, la donnée brute, non travaillée, non redressée, c’est plein de déchets, c’est infect et imbuvable. Internet, les journaux gratuits, les blogs, tous sont coupables d’avoir vulgarisé l’information et de l’avoir assujettie aux mains indélicates des masses, le journalisme citoyen a fait beaucoup de mal, les blogueurs ont plongé les mains dans le cambouis et n’ont pas réussi à remonter le moteur.
L’affaire des tests ADN ne devrait même pas susciter tout le foin qu’on n’en fait, parce que cette mesure n’est pas viable. Le Grenelle de l’environnement est de facto une mascarade et n’aboutira à rien, qui est assez con pour le croire ? On nous plie à un jugement pré-mâché, à une opinion déjà construite en ne suscitant pas l’instinct révolutionnaire qu’une société se doit de contenir de manière intrinsèque pour évoluer, et de l’autre côté, on multiplie les mini-sondages ou les pseudo-débats sur le suicide au travail ou le fait d’interdire la vente ou la consommation de boissons alcoolisées aux femmes enceintes… Merde ! C’est quoi ces histoires ?
C’est ça le débat de société d’aujourd’hui ? C’est ça les enjeux de notre société, faire de minorités visibles des objets de débats ? Je ne comprends plus rien à ce qui se passe, je ne comprends pas cette société qui nous rend serviles de simulacres sans vérité et surtout sans fondement. Je me rappelle ces mots scandés dans une vidéo :”Dans la publicité y’a pas de gros, pas de vieux, pas de noirs, pas de blancs, pas de riches, pas de pauvres. Il n’y a que des minorités à fort pouvoir d’achat… On appelle ça aussi des cibles…” Voilà, vous êtes prévenus, et dites-vous qu’en politique ou en société, c’est la même chose. Vous n’êtes que des cibles et plus on vend de l’information qui ne nécessite pas d’être consommée, plus vous consommerez autre choses, des céréales au goût de merde, un produit vaisselle qui sent la merde ou un plat de nouilles surgelées qui sent la même merde et le pire, c’est que vous avez commencé à consommer des programmes de divertissements au goût de merde et des opinions au gôut de merde.
Et au même instant, je reçois un mail qui me dit “Nous souhaiterions acheter un espace pub./article sur votre site pour faire connaitre nos jeux en ligne. ” Donc c’est bien ça, vous voulez que je fasse la pute pour quelque chose auquel je ne crois pas ? Non mais ho !! C’est terminé ça.
Mêmes les alter-mondialistes, même les prétendus marxistes ou trotskystes ne croient même plus à ce qu’ils font ni à ce qu’ils disent, ils savent que leur combat est entâché de pensée unique, bouffé, repris, remâché dans tous les sens, et rechié. Comme disait Coluche, tout ça est tellement dégueu qu’on peut le mettre directement dans les toilettes, mettre le papier par dessus et tirer la chasse sans avoir besoin de le manger.
Il y a quelques années, le rugby était destiné à faire rire quelques brutes néanderthaliennes dans les petits bars du sud-ouest, entre le cassoulet et le Ricard. Aujourd’hui c’est tout juste si on ne me regarde pas comme un lépreux parce que je n’ai pas regardé le match contre les All Blacks. Merde, je peux vivre en paix oui ?
La devise de tout ça fonctionne parfaitement: “Dénoncer, dévier, reproduire”. Le XXIème siècle fonctionne parfaitement. J’imagine que la folie naît de la résistance maximale à l’égard de la pensée unique, à l’égard du monde post-capitaliste, elle se niche là où on ne l’attend pas, lorsque toutes les résistances battent en retraite et que l’esprit devient sourd à toute espèce de critique, et cette folie là me fait très peur, j’ai peur de basculer…
J’aimerais qu’on me laisse penser par moi-même, qu’on ne m’impose rien, et si cela doit passer par une soustraction du monde environnant, alors il en sera ainsi. La pensée unique ? Elle sent la merde à des kilomètres à la ronde, et je n’en bouffe pas. Je sais que certains aiment ça, et je leur laisse avec une joie et une jubilation que je n’arrive pas à dissimuler.
Voilà, alors je retourne dans ma petite bulle et je ne veux plus rien savoir de ce qui se passe dehors, foutez-moi la paix.
Là où je suis, au moins, je peux voir la beauté du monde, simplement en fermant les yeux.

3 Replies to “Saturation à haute dose (data & information)”

  1. Pingback: ma planète
  2. j’aime ton coup gueule !! notre société est de plus en plus superficielle, c’est vrai que l’ on veut nous imposer cette pensée unique dont tu parle , il faut résister!

  3. Hélène, ce n’est pas un coup de gueule mais un constat déçu. La résistance ne consiste “que” dans la critique, mais je ne sais plus où elle se trouve.

    Et sur ces entrefaites, le temps de me reprendre un peu, je pense que je vais prendre congé deux ou trois jours, loin de mon blog. Juste une autre petite déception passagère.

Leave a Reply