Le jeu qui tue

Amateurs de sensations fortes, esprits gamins, snipers en herbe, ce jeu est fortement recommandé pour les joueurs en herbe, même ceux qui sont passablement frustrés de n’avoir pu faire mumuse avec leurs enfants sur la plage. Streetwars est un jeu dont les armes admises sont: Pistolets à eau, Bombes à eau, Fusil à pompe à eau, Toute arme à eau qui est conceptuellement similaire aux armes ci-dessus. Le but du jeu ? Tuer sa cible et ne pas se faire tuer. Parfait pour les montées d’adrénaline. Plus de détail sur Libé.

Less than zero, Bret Easton Ellis

Je ne comprenais pas trop pourquoi on faisait tout un foin autour de cet auteur apparu au début des années 80, et surtout, je ne comprenais qu’on le considère comme un des plus grands écrivains des temps modernes et pourquoi on le comparait tant aux auteurs de la Beat Generation. Désormais, après avoir terminé Less than zero son premier roman que je me ferai un plaisir de lire dans le texte, je comprends un peu mieux. Tout l’art de Bret Easton Ellis tient dans son style. L’histoire, après tout, on s’en tape, elle est récursive, on tourne en rond, on n’avance pas beaucoup pendant les trois quarts du bouquin, mais ce n’est pas grave, le style nous entraîne jusqu’au bout, il nous tient en haleine avec ses phrases courtes, ses transitions simples, ses petits paragraphes ; on passe du dialogue à un style direct au présent, dans une narration impeccable, les phrases sont courtes mais il s’y passe beaucoup de choses.
Même les dialogues hachés sont généralement introduits par le narrateur lui-même, ce qui donne au texte une force incroyable. Un style pour le moins lumineux. Continue reading “Less than zero, Bret Easton Ellis”

La terre vue du ciel

Après le succès certain des Google Maps et consorts, de nouveaux outils parallèles ont fleuri. Parmi ceux-ci, Flash Earth et Google Sightseeing.

Flash Earth est en fait une sorte d’agrégateur de tous les outils existants. Vous pourrez ainsi voir le monde avec Google Maps, Yahoo Maps, Microsoft VE, Ask.com, Openlayers et NASA Tierra. La même situation sera visualisée sous différentes versions, avec latitudes et longitudes et la possibilité de copier la localisation exacte. A noter que les images de la NASA sont incroyablement pauvres, bien que d’une exceptionnelle qualité.

Google Sightseeing est un outil merveilleux. Ce n’est ni plus ni moins qu’une chronique tenue par James et Alex, deux hurluberlus qui scrutent (à longueur de journée j’imagine) les photos satellites disponibles sur Google et y découvrent parfois des choses très surprenantes comme par exemple ces étranges spirales dans le désert égyptien. Continue reading “La terre vue du ciel”

Yonaguni, Arakawa Point

En navigant paisiblement sur Internet, je me suis arrêté sur le titre de ce billet. Que faire d’autre qu’être interpelé par un tel titre ? Un parfum d’Atlantide à la japonaise. En lecteur souvent confidentiel qui ne laisse de traces nulle part, je n’ai fait que m’arrêter, suivre le chemin et j’ai lu, j’ai parcouru les longues lignes. Et j’ai découvert cet endroit étrange situé à l’extrémité sud de l’archipel du Japon, au large de Taïwan et juste au sud de la petite île de Yonaguni. En soi, la petite île est déjà marquée par le fait qu’on y parle une langue endémique, le yonaguni.

Arakawa Point, est un endroit qui laisse songeur. A quelques mètres de profondeur, un plongeur a un jour découvert un ensemble de terrasses reliées par des marches, dans un ordre tel qu’on peut imaginer d’emblée une circulation possible et une route bordée d’un muret. Jusque là, rien de tellement surprenant si ce n’est qu’on est certainement face à une découverte archéologique majeure.

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Terre des lieux

Le prieur

– Toujours pareil. Il ne parlait que damnation, jamais de nous. Vous décoiffez tant soit peu une jeune fille, vous alliez droit comme une flèche en enfer.
Auquel il ne croit pas du tout. Il croit aux “lieux” (Ker en breton). Il connait dans l’île des lieux – bien circonscrits : un roc fendu par la foudre, une souche de cornouiller qu’on a toujours vue là et qui ne veut pas mourir – pleins de force, d’efficace et de bonté. C’est là qu’il faut aller se recueillir, demander, remercier. Ailleurs, à l’église qu’on laisse un peu aux femmes, c’est du temps perdu.

Nicolas Bouvier,
Journal d’Aran et d’autres lieux.*

On sous-estime souvent l’importance des lieux dans les cultures populaires. Qui n’a jamais foulé les terres chargées d’histoires et de légendes ne peut avoir idée de ce qu’ils représentent en terme de charge émotionnelle et religieuse. On se retrouve transporté dans des temps morts, de la veine de ceux dont parle Loti lorsqu’il se perd dans les remparts du monastère Sainte-Catherine, en plein Sinaï.

* Non, désolé, ce livre ne parle pas de poissons.

Les trois dames de la Kasbah

Fleurs d’ennui* est un livre de Pierre Loti, un recueil dans lequel on trouve cet étrange conte. Un conte mystérieux et sombre dans lequel il nous embarque dans la Kasbah d'Alger, imposante et fière. Elsagarray, Guiaberry, Kerboul et Le Hello sont quatre marins français envoyés par delà la Méditerranée, qui, dans leur dérive nocturne se perdent dans les ruelles tortueuses et parfois illuminées par de discrètes lampes de la vieille forteresse, face à la mer et au port. L’ambiance y est magique et on pourrait presque y entendre la plainte triste d’un oud… Au coeur de la Kasbah, trois femmes sommeillent dans un silence de mort.

Quand elles avaient fini de peindre leur visage de blanc et de rose, et leurs grands yeux de noir et de henné, elles restaient assises par terre, dans une petite cour très profonde, où régnaient un silence mystérieux et une fraîcheur souterraine.

KasbahPhoto © David Wilmot
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Brad Harris

Brad Harris est un jeune photographe indépendant travaillant pour de grandes marques. Son oeuvre est empreinte de poésie et utilise souvent des cadrages originaux. Les scènes sont parfois burlesques, parfois graves.
Fait intéressant, il faut lâcher sa souris et retourner aux bonnes vieilles flèches du clavier pour naviguer.

Brad Harris

Minuscules écrits autour de personnages d'un quotidien qui n'aurait pas de nom

1.

Deux femmes sont debout dans le couloir du RER. Elles parlent entre elles dans une langue qui me semble totalement inconnue. Elles ont une peau noire assez claire et un nez retroussé. Incapable de me concentrer, j’essaie de trouver une ressemblance avec une langue que je connais, mais au milieu du discours fluide, sont intercalés des mots français et des mots créoles qui rendent mon écoute difficile. Au bout d’un moment, après m’être imprégné de ce flux agréable, je me rends compte que c’est du portugais, mais pas n’importe lequel, un portugais du Brésil, doux et léger, pas râpeux comme peut l’être celui des campagnes portugaises. Je les regarde parler entre elles, apparemment de tout et de rien, la conversation a l’air moins passionnante que la musicalité avec laquelle elles s’expriment.

2.

Je la remarque tout de suite parce qu’elle parle fort dans son téléphone alors que le silence règne dans le train. C’est le genre de fille que la discrétion n’étouffe pas. On a vite fait de catégoriser les gens et celle-ci fait partie de l’espèce de plus en plus répandue de Petassus Maximus, ça se voit tout de suite. Elle porte sur elle un morceau de tissu informe rayé noir et or qui lui va du bas des épaules au haut des genoux qui n’arrête pas de découvrir ses épaules, ce qui est certainement l’effet recherché. Gloss sur les lèvres, lunettes de soleil teintée, bagues énormes, elle est toute jeune et déjà complètement envasée dans le monde de l’apparence. Je ne retiendrai qu’une seule chose d’elle, son parfum doux que j’ai pu sentir malgré la distance. Un parfum reconnaissable puisque j’ai déjà pu le sentir des dizaines de fois.

3.

Train de 8h11. Sur le quai du train, elle ne peut qu’attirer les regards. Elle porte un pantalon court qui s’arrête sous le genou, fait d’une étoffe lisse et luisante comme le satin. Légèrement évasé à partir du genou, il enveloppe ses fesses avec magnificence, dans une courbe parfaite, laissant deviner des formes généreuses qu’elle doit savoir agréables au regard. Un jour, j’ai dit à une femme concernée par mes dires que j’adorais les femmes qui épousaient parfaitement leur pantalon. C’est exactement le cas. Lorsque de profil, je regarde avec envie ce magnifique fessier, je peux deviner la courbe de sa cuisse, ses fesses bombées et relevées, et de face, l’étoffe serrée peut même laisser deviner le dessin délicat de ses lèvres. Décidément trop absorbé par cette vision heureuse, je délaisse son visage que je trouve quelconque et sans intérêt. Certaines femmes ne sont parfois qu’en partie désirables.

Bougie solitaire

Il n’y a pas si longtemps que ça, j’ai vu une émission (tard le jeudi soir sur Arte, pour ne pas la citer) dans laquelle une espèce de grand escogriffe désinvolte évoluait appareil photo à la main et shootait à la volée dans une boîte de nuit à l’ambiance surchauffée, dans laquelle dansaient des filles à poil et des zombies déchirés aux acides. Comme je n’écoute toujours la télévision que d’une oreille inattentive, l’autre oreille perdue dans un bouquin ou sur un magazine, je n’ai pas vraiment suivi, mais il semblait qu’il était journaliste pour un magazine underground et il dissertait joyeusement, les yeux papillonnants dans le vide tandis qu’il sirotait un cocktail, sur la superficialité du monde et des relations qu’entretenaient les gens dans les milieux mondains ou branchés. Bref, rien de tellement passionnant.

Et en fait, je voulais dire un truc super intéressant, et à force de m’interroger, je m’emmêle les pinceaux, mais c’est pas grave, ce sera pour un autre jour.

Tiens, j’y pense, organe n’est ni plus ni moins que l’anagramme d’orange.

Oui je sais, j’ai tronqué mon billet, mais il est plus joli comme ça.

Port de Saint-Trojan